samedi 11 avril 2009

Il n’y a plus de vin à Shiraz, Iran

Depuis Esfahan, il faudra 8 longues heures de bus à travers de vastes paysages de roche désertiques pour rejoindre et passer la chaine des montagnes de Zagros, et découvrir enfin les vertes étendues des champs qui colorent la riche région de Shiraz.


Shiraz, ville du vin, des jardins et des poètes…

Du vin (longtemps supposé être à l'origine du cépage Syrah), après ces 30 dernières années, il ne reste naturellement pas grand-chose, à part quelques misérables pieds de vigne solitaires le long d’une route…

Les jardins, eux, survivent. Sans égaler les superbes parcs d’Esfahan, ils offrent tout de même de plaisantes promenades et encore quelques jolies essences colorées et parfumées.

Seule la poésie, qui trouva ici son inspiration autant dans la griserie que dans la douceur des jardins, semble traverser intacte les siècles et demeure bien présente.
Aussi visite-t-on, au cœur d’un agréable parc arboré et fleuri, la tombe du très aimé poète Hafez, sur laquelle les Iraniens viennent se recueillir avec respect, et chercher, avec grand enthousiasme leur avenir dans un recueil de ses poèmes que l’on ouvre au hasard sur la pierre tombale même!
Nous nous familiarisons par la même occasion, avec d’autres célèbres poètes Iraniens comme Sa-adi, Rumi, Omar Khayyâm,…


Ici, plus que dans les villes du Nord, la vie semble plus légère, plus «méditerranéenne»… Impression que l’air est plus doux, que l’on vit plus dehors… Moins de hejabs noirs, beaucoup de jeunes - filles comme garçons - dans la rue à la tombée de la nuit… On fait la queue à toute heure devant les cinémas, on se gave de fastfood, ou de traditionnelle «eau de rose» rafraichissante (un peu écœurante à notre goût occidental)…

Goûtons donc à cet esprit de légèreté, parcourant d’un bout à l’autre le long et très animé Boulevard Zand, jusqu’aux agréables espaces piétonniers qui entourent la belle et massive citadelle… et essayons de faire abstraction des troupeaux de touristes étrangers qui déferlent sur la vieille ville par bus entiers… proximité de Persépolis oblige!

On a beau en être aussi, on préfère toujours quand on est le seul! ;o)
De fait, les vraies rencontres avec les Iraniens se font ici beaucoup plus difficilement, et la plupart des lieux anciens ou de caractère (bazar, caravansérails, çay-khannés…) nous semblent être entretenus plus pour la photo, le souvenir ou le « petit çay authentique » du touriste.

Certes, tout est très beau, mais la promenade y est un peu frustrante… avant de devenir dérangeante même, en nous renvoyant toujours à la même remise en question: le voyageur chercheur et destructeur… chercheur d’authentique, qu’il détruit un peu plus chaque fois qu’il le trouve… Faut-il continuer à voyager?…


On préfère toujours oublier cette question, c’est plus facile…
Et puis les 1080 rencontres et si riches moments partagés, pour nous faire découvrir, connaître et aimer un peuple au-delà des préjugés, voilà une raison qui justifie à elle seule le moindre voyage!


Nous restons donc sur la route!… et n’allons pas bouder les splendeurs de Persépolis.

Départ aux aurores avec Etienne et Jantien, que nous retrouvons une dernière fois ici, pour profiter du site en toute tranquillité.
Tranquilles mais mouillés!… C’est sous un ciel plombé et de grosses gouttes de pluie que nous faisons notre entrée dans la cité millénaire. Et oui, tout ne peut pas toujours être comme sur les photos du National Geographic!…


Et puis ce grand rideau gris nous fera le cadeau de se déchirer entièrement au dessus de nos têtes, nous laissant finalement poursuivre notre visite sous un ciel bleu éclatant, quelle chance!


Grands escaliers, forêts de colonnes, imposants portiques d’entrée et somptueux bas-reliefs nous laissent imaginer les fastes de ce haut lieu du 1er empire Perse, construit par la dynastie des Achéménides à partir de 521 AV JC, pour être trop rapidement détruit quelques 200 ans plus tard suite à sa conquête par les Armées d’Alexandre le Grand.


Cyrus le Grand, Darius, Xerxes… souverains bâtisseurs ou impitoyables guerriers… Des noms qui nous deviennent de plus en plus familiers ; et l’on commence à s’y retrouver un peu mieux (un tout petit peu!) dans les 5000 ans d’histoire de cette si riche contrée!


Le long des bas reliefs, étonnamment précis et bien conservés, nous parvenons à reconnaitre telle délégation, de tel ou tel peuple vassal (23 au total, Ethiopiens, Arabes, Indiens, Elamites…) , portant chapeaux coniques, barbe taillée, pagnes drapés ou collier traditionnel, signes propres à chacun, et présentant qui de délicates soieries, qui des arcs et des boucliers, qui un chameau, un âne, qui des fines poteries… en guise de tribut au souverain à l’occasion des festivités de Norouz.
Passerons ainsi de très belles heures à explorer le site en nous émerveillant.

Nous profiterons de cette journée pour aller également admirer 2 sites «nécropole» voisins, notamment celui de Naqush-e Rostam, très impressionnant avec les tombes des souverains Achéménides creusées et sculptées en immenses croix, très haut dans une falaise, et de magnifiques bas reliefs ajoutés quelques 600 ans plus tard sous le règne des Sassanides.


Une étape bien «touristes», mais ça vaut vraiment le détour!

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