jeudi 23 avril 2009

Boukhara, Ouzbékistan, un autre monde

En quittant l’Iran vers l’Est, le 20 avril, nous passons soudainement dans un tout autre monde…
A la différence de certaines frontières, où tout se mélange un peu de part et d’autre, où la transition se fait tout en douceur, au fur et à mesure des km… ici, d’un côté à l’autre du terne no-mans-land, ce n’est vraiment plus le même peuple! Le changement est immédiat, radical, palpable…


Plus un seul chador ou hejab noir, c’est certain...
Une armée d’uniformes en tous genres et de casquettes soviétiques, normal...
Mais le plus frappant, c’est cette apparition soudaine (et massive) de tout nouveaux visages… de type Mongole avec les pommettes hautes et rouges surmontées de petits yeux sombres en amande… ou les yeux clairs et cheveux blonds qui nous semblent si Russes…
Comme si chacun restait bien sagement du bon côté de cette ligne presque hermétique entre l’Iran et les républiques d’Asie Centrale.

Pourtant, il y en a eu des échanges par ici au cours de l’histoire!…
Carrefour des cultures et des civilisations, des échanges entre l’Orient et l’Occident, crucial point de passage commercial sur la Route de la Soie…
Toujours sur le chemin des grands conquérants de l’histoire Eurasienne, tantôt féroces dévastateurs, tantôt bâtisseurs, ou les deux… Alexandre le Grand, Gengis Khan, Tamerlan… l’Asie Centrale est tour à tour Perse, Macédonienne, envahie par les Huns, les Turcs d’Occident, les Mongoles… avant de faire, au XIXème, l’objet des convoitises les plus calculatrices lors du «Grand Jeu» que s’y livrent, les puissances Russes et Anglaises…
Elle deviendra la terre de prédilection des grands projets soviétiques au XXème (monoculture massive du coton, plans d’irrigation, grands barrages) et de l’idéologie qui vient avec…

Que de marques, d’influences et de cultures, subies ou embrassées!… Et depuis 1991 et l‘indépendance, une identité culturelle, politique, géopolitique et économique encore à trouver , à grand renfort de statues et héros nationaux remis à l‘honneur, hors de l’ancien giron soviétique, dont les traces sont si profondes.

Un nouveau décor complexe!

Après 24h de traversée plus ou moins hospitalière au Turkménistan (difficile de se faire une idée réelle en si peu de temps), nos premiers pas en Ouzbékistan sont comme le réconfort de l’étape longuement attendue!


A quelques 100 km de la frontière Turkmène, Boukhara est un petit bijou de douceur, d’histoire, d’architecture et de vie.
Contrairement aux villes anciennes du Turkménistan, restées à jamais à l’état de ruine après le passage dévastateur de Gengis Khan au XIIIème siècle, Boukhara et, de manière générale, les grandes villes Ouzbèkes (où l’on est davantage sédentaire) ont connu un nouvel âge d’or dès le XIVème siècle, avec l’avènement d’Amir Timour (Tamerlan) non seulement guerrier sanguinaire mais également grand mécène (on lui doit notamment Samarcande).


Il en reste, aujourd’hui à Boukhara, un magnifique centre ancien, où l’on ne compte plus les mosquées et madrasas aux superbes portiques de faïences bleutées (ici aussi), aux grandes cours paisibles et rafraîchissantes… les petits bazars aux passages voutés, les ruelles à la fois paisibles et vivantes…
Le centre historique est actif… On y vit, on y travaille, on y circule…


Nous y prenons nos quartiers en déposant nos sacs-à-dos chez Mr Mubinjon…
Ici, pas de service « grand hôtel », pas de lits ni de réelles salles de bain… mais le profond calme et le charme fou d’une chambrette chargée d’histoire dans cette demeure ancienne, rénovée à pas de fourmis par son propriétaire.
Un personnage qui vaut le détour… tout comme Claudio en un sens, l’un de ses hôtes, 30 cm de barbe, sur la route depuis… 15 ans… Un choix! (nos 6 mois de périple font figure de weekend prolongé à côté).

De cette curieuse retraite, nous nous offrons 4 très belles journées ensoleillées à la découverte de Boukhara et ses environs.


Témoin de nos tout premiers pas éblouis dans la cité, le Minaret Kalon restera notre grand favori!


Haut, massif, inédit, sobre… Tout de briques ocre ou rouille selon la course du soleil, simplement orné de quelques discrets anneaux de faïence…


Nous ne nous lassons pas de revenir chaque jour, à toutes les heures possibles, le contempler, s’émerveiller encore et encore, assis à ses pieds à l’ombre de la madrasa ou de la mosquée qui l’encadrent superbement, devant, derrière, ou perchés sur une terrasse juste en face…
C’est tout simplement BEAU.

Dans nos favoris à multiples visites, également :

Lyab-Haouz,
place centrale de la vieille ville, où l’on s’installe au bord du grand bassin, à l’ombre de muriers multi centenaires, pour se rafraîchir d’une grande chope de bière (on se rattrape après l’Iran), boire des litres de thé vert, ou découvrir avec délice les spécialités Ouzbèkes… Revigorantes Chorbas dans leurs pots de terre (sorte de pot au feu local, mais au mouton), incontournables marmites de Plov savoureux, chachliks grillés à point (le kebap local, en plus tendre dirait-on), et autres Noodle-Soup à la viande (de mouton toujours!).


Le grand bazar « Kryty Rynok »
hors de la vieille ville et des étales d’artisanat, gigantesque marché quotidien s’étalant sur des m² et des m² couverts ou non… On y trouve tout, absolument tout!
Joie de vivre, légèreté, couleurs… Des allées bourdonnantes, où l’on prend un vrai plaisir à déambuler, à la recherche d’une banane, d’une clé USB ou d’un changeur de devises à la sauvette (les taux du marché noir étant nettement plus intéressants que ceux de la banque nationale Ouzbèke).
Le plus facile à trouver étant le changeur, qui opère toujours tranquillement au grand jour, avec un très encombrant cabas de plastique à rayure, rempli de liasses de Sums, la monnaie locale, dont la plus grosse coupure ne dépasse pas 50 cts €…. Pratique!


C’est là que nous faisons toutes nos courses, prenons nos déjeuners, toujours accueillis très chaleureusement.


Enfin, en vrac, à Boukhara, nous découvrons aussi :

- les vendeurs de pain à tous les coins de rue (il semble qu’il n’y ait pas de boulangerie ici), exposant leurs belles galettes rondes et dorées sur tout ce qui peut rouler!…. le landeau fait fureur pour cet usage. Galettes d'ailleurs délicieuses, qui ne nous font pas du tout regretter le pain iranien.

- le parc d’attraction du jardin Samani, avec ses manèges d’un autre âge, en métal multicolore et bien rouillé… Cri-cris, Grande Roue, Chenille… Nous ne nous y risquerons pas.


- l’Ark, lourde forteresse de brique et de terre du Vème siècle (la plus vieille structure ici), cité royale au cœur de la cité.


- le hammam (pour compenser l’absence de salle de bain chez Mubinjon!)…. Ses vigoureux massages, et ses inédites applications d’huile d’amande et de miel au gingembre… ça chauffe!

- les sorties en Marshrutkas (minibus) aux abords de la ville pour aller visiter, au cœur de paisibles parcs bien verts, le Mausolée de Bakhaoutdin Naqchband (fondateur d‘un important ordre Soufi) avec sa tour de Pise à lui (un petit minaret de briques), ou le Palais d’été de l’émir… Charme de ses pavillons défraichis, collection de superbes Suzanis anciens…



La vie nous est douce ici… et nous aurons bien du mal à repartir!

4 commentaires:

  1. Hey cousine, il va falloir que tu arretes de me faire rever a chacun de tes voyages...je ne sais plus ou donner de la tete, ca me donne trop d'idees et surtout d'envies de decouverte!!!

    Merci pour ces descriptifs et ces photos, c'est un regal de vous suivre.

    Bonne continuation a tous les 2.

    GreG

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  2. Ah c'est sûr c'est pas le hammam branchouille parigot de Boulogne !
    J'ai envie ed partir, arrêtez... toutes ces photos sont magnifiques !
    @+

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  3. Tous ces tissus colorés sont magnifiques !

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  4. Nous aussi nous avons apprecié le hammam, mais peut etre pour d autres raisons; lol

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