mardi 24 mars 2009

L’Azerbaijan Iranien

C’est en plein cœur des montagnes (on l'a vu dans le précédent billet), que nos pieds foulent, pour la première fois le sol Iranien… Ciel d’un bleu profond, soleil éclatant, blancheur éblouissante des sommets qui nous entourent… Voilà qui augure d’un bien beau printemps sur ces terres inconnues!
A part les traditionnels « money changers » harassants, toujours prêts à vous arnaquer d’un zéro, et l’incontournable nuée de chauffeurs de taxi qui vous encercle jusqu’à ce que, impuissant, vous acceptiez leur prix exorbitant pour monter dans un vieux tacot jaune et rouille,… c’est un accueil extrêmement positif, chaleureux et respectueux que nous ressentons de toutes parts.

Foulard bien entortillé autour de la tête, liasses de Rials fourrées… là où l’on peut (il faudrait un coffre fort géant pour stocker l’équivalent de seulement 1080€!), nous voilà parés pour partir plus avant à la découverte de ce GRAND pays qui hante nos esprits depuis si longtemps…

Quelques heures de bus… montagnes, roches rouges, sommets blancs, plateaux écrasés par le soleil, mosquées shiites étincelantes, avec leurs dômes argentés plus proches des coupoles orthodoxes que des doux arrondis de Sainte Sophie,… et nous atteignons bientôt la grande Tabriz, notre première étape, ville majeure du Nord Ouest Iranien.


Nous retrouvons, comme en Turquie :

Un grand bazar, des trottoirs un peu défoncés, de grandes avenues encombrées, de la poussière, de la pollution, les boui-bouis à kebaps à tous les coins de rues, et surtout les petits vendeurs de jus d’orange frais délicieux!… Hmmm!

(Il ne manque que les « barbers »… plus un seul !… au grand désespoir de Fabrice qui va devoir reprendre son petit rasoir et sa mousse au lieu d’aller se faire dorloter!).


Nous découvrons :

- les portraits de Khomeini et Khameini à toutes les sauces (les deux supreme leaders depuis la révolution de 1979),

- les femmes voilées… tout en noir des pieds à la tête, se cachant parfois le visage à notre passage, ou bien celles, nombreuses, qui, moins traditionnelles, portent des manteaux plus courts, des vêtements élégants ou des jeans à la mode, et laissent largement apparaître des cheveux minutieusement «travaillés» sous des foulards aux couleurs vives,

- les boutiques de fringues féminines pas bien « sexy » (où tous les mannequins ont le haut du crâne coupé… alors que les mannequins masculins, eux, ont droit à toute leur tête!…?), pour acheter à Isa un déguisement passe-partout…

Au début, cela semble presque amusant de se prêter au jeu des convenances locales; d‘autant plus lorsque celles-ci semblent avoir été tellement assouplies vs l‘image stricte que l‘on en avait… et puis, à force de se retrouver, au restaurant par exemple, comme toutes ces femmes, engoncées dans leurs foulards et manteaux sans forme alors que l’on crève de chaleur et que les hommes se baladent tranquillement en chemises/ t-shirt ou en tenues bien tendance, on ressent bien vite la profonde inégalité, qui fait loi ici… Et ceci n’en est qu’une infime représentation… Frustration, sentiment d’injustice…

Mais aussi :

- la Mosquée Bleue, la pureté de ses voûtes de briques, l’éclat des vestiges de céramiques bleues ayant survécu à deux gros tremblements de terre

- les intéressantes pièces du musée d’Azerbaidjan, le Mausolée des Poètes (très vénérés ici), les jardins publics et grands parcs où les Iraniens se pressent au premier rayon de soleil venu, pour venir pique-niquer, voire même camper; ils en raffolent!… les montagnes pelées d’un rouge profond, que l’on vient escalader, en laissant tout simplement sa voiture le long de l’autoroute, pour faire son sport hebdomadaire et admirer la vue plongeante sur la ville dans son nuage de brume (mal identifiée…)


- le restaurant Nobar, somptueusement aménagé dans un ancien hammam rénové (hammams qui n’ont plus droit de cité, à part éventuellement pour les hommes uniquement); on y découvre le Dizi, un plat traditionnel plus folklorique que délicieux , avant d’aller savourer un petit thé accompagné de dattes, sur la pierre chaude autour de la fontaine… Doux refuge!


- Enfin, à Tabriz, nous découvrons… les Azeris… peuple majoritaire dans la région, parlant un dialecte plus proche du Turque que du Persan, et branche Iranienne du peuple Azerbaïjanais, dont nous percevons quelques similitudes avec le peuple Kurde, puisque lui aussi vivant à cheval sur plusieurs pays.

Pour autant, la ressemblance s’arrête vite, d’une part, parce qu’il existe un état officiel : l’Azerbaijan; d’autre part parce que les Azeris sont, eux, totalement intégrés à l’Iran : ils représentent 25% de sa population, et son particulièrement représentés au sein de l’élite nationale (le leader Khameini, par exemple, est lui-même Azeri). Enfin, il faut savoir que 2 provinces du Nord de l’Iran portent le nom d’Azerbaïjan… à ne pas confondre avec l’état, pourtant voisin direct… Compliqué!


Toutes ces découvertes, nous les faisons en grande partie avec Ali, jeune Azeri rencontré grâce à Couch Surfing, mais également au travers de la multitude de rencontres que nous faisons partout où nous allons, abordés à tous moments par les Iraniens curieux de nous connaître, de savoir d’où nous venons, ce que nous pensons de l’Iran, ravis de discuter un moment, avec les mots ou les gestes, de nous offrir un thé, une friandise,…

C’est d’ailleurs comme cela que nous nous retrouvons, moins de 24h après notre entrée en Iran, au micro de la radio locale, pour raconter ce que nous faisons ici... et parler de la Tout Eiffel!

4 commentaires:

  1. de la tour Eiffel qui fête ses 120 ans !! en pleine repeinture... avec une peinture gris Tour Eiffel créée juste pour elle !
    beau reportage... dommage pour les hamams ! Et pour le côté historique, j'esaie de retenir mais vous me connaissez, je suis une vraie quiche ! Bisous les choux !

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  2. J'ai bien aimé la précision concernant le "dialecte plus proche du turc que du persan", vous devenez incollable. En tous les cas, ça donne bien envie (en dehors de la tenue, courage Isa !, pense à Persepolis). Kiss

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  3. Une merveilleuse escapade que vous êtes en train de faire!
    Je rêve de suivre cette route de la soie!
    Bon courage pour la suite.

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  4. La langue Azeri, est une langue apart.Elle appartien à la famille de langues turqes. Ses origines sont totalement diferent de la langue persan.Mais à force de cohabitation milenair avec des pers dominant et interdiction des ecoles Azeri en Iran,elle est melanger de mots persan.

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