mercredi 1 avril 2009

Iran - De Téhéran à Masuleh

Depuis notre première étape au Nord-Ouest de l’Iran, une petite nuit de bus et nous arrivons avant le jour à Téhéran.


Téhéran... un nom marqué, lourd d’évocations... sentiments tendus, couleurs noires, interdits, restes de drapeaux brûlés... Des images campées dans l’inconscient occidental depuis des années, très rarement revisitées ou remises en question...

Ajoutons à cela les mises-en-garde des guides touristiques, décrivant une mégalopole polluée, au trafic insupportable, un quartier Sud « glauque » (celui des hôtels bon-marché... le notre!). Et l’on ne sait pas trop ce que l’on va pouvoir trouver à Téhéran, mise à part une concentration fort utile d’ambassades distributrices de précieux visas pour les pays voisins.

Vous le devinez certainement après ce listing d’a priori , c’est, ici aussi, plutôt une agréable surprise que de découvrir cette nouvelle grande ville du monde.

Les fêtes de Norouz n’y sont certainement pas étrangères... Si elles apportent leur lot quotidien de déconvenues (lorsque l’on se casse le nez devant tel ou tel N-ième établissement en congés annuels), elles marquent également une période de grande respiration et de calme pour la capitale Iranienne, que la grande majorité des Téhéranis délaisse 2 semaines pour aller passer les fêtes en famille à la campagne.

Pendant ce temps, on y circule avec une facilité déconcertante, on y respire, on s’y promène sans cohue, le nez en l’air, on y remarque (et apprécie) ses arbres aux feuilles vert-tendre, ses quelques parcs, ses « tchai-khanes » pas trop bondées...
Quant au fameux quartier Sud, plein d’échoppes, de passants curieux et chaleureux, de vie... Il nous plait plutôt plus que le trop désert quartiers des ambassades!
Entre formalités administratives et visites, nous parcourons la ville de long en large, sans jamais se perdre, guidés par le repère omniprésent des montagnes enneigées, dont les flancs hébergent les quartiers Nord, les + chics.

Et oui, Téhéran est une « ville à la montagne »!... Depuis notre quartier, il ne faut pas plus qu’une petite demie heure en taxi pour atteindre le départ du télécabine de Tochal, « the » station de ski de Téhéran!

Nous ne nous privons d’ailleurs pas longtemps d’une telle aubaine... et y grimpons le lendemain même de notre arrivée pour aller chausser une bonne paire de skis sur une neige loin d’être mauvaise.



Ciel bleu, soleil éclatant, pureté du paysage et de l’air... Même s’il ne reste, à cette saison, que 2 pistes ouvertes au sommet, c’est un vrai plaisir, pour quelques heures, de dévaler, presque seuls, ces grands boulevards tout damés, de se laisser chauffer par le soleil sur les lents et vieux télésièges... Et de dévorer, arrivés en bas, de délicieuses « crêpes françaises » au Nutella!... Hmmmm!
Une très belle journée de break dans un voyage jusqu’ici bien rythmé.


Comme après un bon séjour du côté du Mont Blanc, on en redescend pleins d’énergie pour reprendre notre programme citadin.
De celui-ci, on retiendra particulièrement :

- Darband, petit coin de détente des Teheranis dans les quartiers Nord , logé dans une étroite gorge rocheuse où coule un petit torrent de montagne... Sur ses berges, des dizaines de petits restos, tout illuminés, tout fleuris, installés en terrasses les uns au dessus des autres... On s’y promène avec une foule d’Iraniens en goguette, arpentant la gorge de haut en bas pour choisir la bonne terrasse, et le bon N-ième kebap!
Un peu « Main Street Disneyland », mais pas déplaisant pour autant.

- Dans un style tout autre, le Mausolée de l’Imam Khomeini, à l’autre extrémité de la ville... Gigantesque complexe décrépit, coiffé de dômes en réfection, au milieu d’un non moins gigantesque parking où les fidèles campent par centaine... Au sous sol, une boulangerie « industrielle » pour nourrir tout ce monde, des blocs sanitaires tout aussi industriels où ça bourdonne et ça patauge... Une seconde ville à côté de la ville.


On pénètre dans le sanctuaire hommes et femmes séparés; là, on vous demande au moins 4 fois si vous n’êtes pas Américain, on vous fouille et vous déleste naturellement de vos chaussures pour vous laisser participer au fumet ambiant... A l’intérieur, vaste hangar, néons, portraits géants du leader suprême, fidèles en adoration devant la tombe...

Difficile d’adhérer bien sûr... mais il fallait voir cela!

- Enfin, notre lieu favori de visites... l’ambassade Turkmène! Youpi!
Bien loin, de l’autre côté de la ville... avec ses horaires d’ouverture plus qu’aléatoires, son comptoir spécial Visas, qui n’est autre qu’un minuscule « passe-plat » de bois que l’on nous referme régulièrement à la figure sans qu’il nous soit possible de deviner si notre requête est prise en compte ou non... Paperasses, photocopies, jours fériés... il nous faudra finalement 3 visites pour obtenir enfin le précieux visa de transit qui nous permettra de rallier directement l’Ouzbekistan.
Un petit parcours du combattant, mais toujours, pendant ces longues attentes, l’occasion de nouvelles rencontres de voyageurs... À pied, en bus, à vélo... Parfois folklo, toujours sympa.


Parmi les voyageurs rencontrés ces dernières semaines, on ne peut raconter l’Iran sans mentionner Jantien et Etienne, couple Hollandais très chouette, en vadrouille pour 1 an, d’Istanbul à l’Australie.

Avec eux nous partagerons quelques bonnes balades... la journée de ski, mais aussi une sympathique escapade de quelques jours au Nord de Téhéran, vers la Mer Caspienne.


La Mer Caspienne... Hmm... plutôt un échec!
Vaguement aperçu depuis la route, un littoral qui nous semble sans caractère, et surtout, « sans propreté »!... bordé par des villes un peu glauques et polluées... Sans doute ne sommes nous pas du tout allés au bon endroit!
Pour se consoler (et parce qu’il ne reste plus que ça (tout est bondé pour les vacances de Norouz), nous nous faisons notre premier hôtel à 1Milion la chambre! On se rassure, il s’agit d’1 Million de Rials (soient 75 Euros), que l’on se partagera à 4! Soirée fast-food et cinoche dans notre chambre. Amusant.


Pour autant, nous ne sommes pas venus pour rien... C’est bien par les abords de la Caspienne qu’il faut passer pour atteindre le merveilleux petit village de montagne de Masuleh...

Empilement de maisonnettes de terre et de bois sur des pentes si raides que les toits des unes servent de terrasses pour les autres, voire même de rue pour l’étage supérieur... Le bazar s’étale ainsi sur 4 étages en gradins, où serpentent les ruelles encombrées, comme de profondes crevasses de couleurs...
Quelle que soit la terrasse où l’on s’installe, c’est toujours avec un formidable spectacle sous les pieds que l’on prend tranquillement le soleil en sirotant un thé ou en se gavant de gâteaux tout chauds à la cassonade, avant de s’abandonner aux délices parfumés des Qalyans (le narguilé local).


Le soir, on dormira dans l’une de ces toutes petites maisons de bois, où, comme les gens d’ici, on installe vieux matelas et couvertures sur d’épais tapis persans.

Ici encore, nous retrouvons l’accueil, la spontanéité et la générosité Iranienne.
Une rencontre marquante, alors que nous explorons les hauteurs escarpées du village, lorsqu’une jeune étudiante d’une vingtaine d’années nous invite à monter dans la maison de son grand-père. Pendant quelques heures, nous partageons le déjeuner familial, installés tous ensemble sur le tapis, autour du vieil homme se reposant sur son lit.
Ici, on est tête nue (tout le monde rit quand on s’aperçoit qu’Isa n’a même pas pensé à retirer son foulard!) et on parle très librement. Grâce aux deux filles qui maitrisent très bien l’anglais, beaucoup d’échanges... une foule de questions sur la manière dont l’Iran est perçu / présenté chez nous (par les médias, les politiques, monsieur Tout-le-monde...), les récits d’il y a 30 ans, le parcours fou de leurs parents, les frustrations, les progrès, les espoirs...
On apprend, on comprend, on respecte, on reçoit...

Une très belle rencontre qui restera longtemps dans nos mémoires.

5 commentaires:

  1. J'adoooore ! C'est incroyable !!!

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  2. Beaucoup de belles choses, et j'ai l'impression beaucoup de gens sympas ! Quel voyage ! Vous devez vous en mettre plein les yeux ! Nous on part à Couppier on vous emporte avec nous la ba et spécialement à Léoncel dimanche pour Pâques! Souvenirs souvenirs !

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  3. Heureusement que les Caro trainent sur les blogs... barvo Caro pour tes coms !

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  4. @ Prune et Caro: c'est vrai ca, bravo les Caro! Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir que nous avons en decouvrant chacun de vos messages attentifs et enthousiastes. Merci et plein de bisous.

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