samedi 4 avril 2009

Iran - Conquis par Kashan...

Premiers pas dans le Sud Iran, à quelques 230 Km de Téhéran.
Hauts remparts de terre brute, proprettes places ombragées, calmes petites avenues plantées de vigoureux arbres verts, méandre de ruelles étroites, ocre des maisons, quartiers cachés, sobres…
Les femmes, elles aussi, semblent cachées… sous ces longs hejabs noirs tellement plus présents ici!

Impression de calme, de douceur et de sobriété en arrivant dans la petite ville de Kashan, simple, à taille humaine.
On s’y sent tout de suite immensément bien, appréciant particulièrement cette sobriété, qui ressemble plus à une modeste pudeur, cachant / protégeant de vrais trésors…

… Trésors humains d’abord, tout aussi riches ici qu’ailleurs, malgré de rudes apparences très conservatrices : sourires éclatants apparaissant sous les hejabs, «Salam!», «Welcome in Iran!» …
Il y a toujours celui qui lâche tout pour vous montrer le chemin, vous mener à bon port,… ou celui qui arrête sa voiture au beau milieu de la rue, simplement pour ouvrir sa portière et vous souhaiter la bienvenue!

… Et les trésors d’architecture, avec ces magnifiques demeures (presque des palais), cachées à l’abri de hauts murs, tout entières tournées vers leurs cours intérieures profondément creusées en dessous du niveau des rues. On y pénètre par de lourdes portes de bois traditionnelles à 2 heurtoirs (pour reconnaître qui frappe et éviter les rencontres mixtes lorsque celles-ci étaient interdites), donnant sur un long couloir plongeant, aux murs de terre rouge sombre, aux hautes marches pavées de galets, débouchant dans une cour ensoleillée…
Là, douceur, fraicheur et raffinement… Longs bassins d’eau claire, fontaines, fleurs odorantes, arbustes délicats, terrasses aux voûtes ciselées… Les pièces à vivre, terrasses, cours, balcons et hauts escaliers s’enchainent dans un fabuleux labyrinthe où l’on se perd avec délice, curieux de la prochaine merveille à découvrir…
Fine mosaïque bleutée? Doux puits de lumière? Plafond nacré? Intimité et délicates fresques du hammam?…


L’une de ces demeures, rénovée avec tant de goût et de simplicité, sera notre logis pour quelques jours.
Parfum enivrant des bouquets multicolores dans le frais vestibule d’entrée, volée de marches et chambrette voûtée d’un blanc éclatant, avec ses banquettes et matelas traditionnels sur le sol, tonnelle ombragée près du bassin, où l’on savoure tranquillement les copieux petits déjeuners servis dans une fine vaisselle bleutée… Une somptueuse et apaisante étape! On aime beaucoup.


On aime aussi, énormément : le vieux bazar de Kashan!… kilomètres d’arcades de briques rouges, alignement infini d’échoppes débordantes, colorées, illuminées, toutes simples ou toutes kitchs… vendeurs de laine enfouis sous leurs murs de pelotes jusqu’au plafond, épiceries aux parfums toujours aussi enivrants et magnifiques mosaïques de couleurs naturelles, vendeurs de tapis à foison, qui font ici leur vie sans se préoccuper le moins du monde des 2 touristes que nous sommes (on apprécie!)… petits vieux sirotant leur thé et leurs 15 morceaux de sucre au beau milieu de vastes caravansérails baignés de lumière, aux dômes si hauts et si impressionnants…

Avançons au gré de nos envies, goûtant avec gourmandise à cette ambiance douce et affairée, prenant le thé dans un vieux hammam décrépi mais non moins somptueux, escaladant, derrière le tout vieux monsieur de la çay-khané, les trop hautes marches débouchant sur les toits de terre bombés de la fourmilière… Magnifique! On se croirait dans un autre lieu, un autre temps… Soudainement seuls au monde, crapahutons là-haut, contournant la forêt de bosses de terre pour aller escalader la plus haute, celle du dôme central du bazar, d’où l’on se régale d’une vue à 360° sur la ville, ses somptueuses demeures et ses masures de terre, ses cours, ses mosquées, la verte campagne environnante toute proche, et au loin, les montagnes d’un côté, le désert de l’autre.
Magique!… sans doute l’un de nos meilleurs souvenirs!


Enfin, avec Etienne et Jantien retrouvés ici, nous ne nous privons pas de quelques belles explorations aux alentours de la ville (qui nous permettent au passage d‘apercevoir la centrale nucléaire de Natanz)...

Charme authentique des vieilles ruelles du village d’Abyaneh,
où les murs de terre des maisons sont aussi rouges que la roche des montagnes au creux desquelles il vient se nicher… où les vieux, visage buriné, cane à la main au bord du chemin, portent toujours leurs vêtement d’antan…


Allées rafraîchissantes de l’agréable Fin Garden, où l’on en apprend un peu plus sur Amir Kabir (le Jules Ferry local avec son rôle incontournable dans les réformes de l’éducation et de l’administration au XIXe),… et où l’on passe aussi son temps en pauses-photo avec de bruyantes et sympathiques familles nombreuses savourant tous ensemble les vacances de Norouz dans la joie et la bonne humeur!


Sobriété et beauté du désert Dasht-e Khevir , avec les courbes régulières de ses dunes de sable, ses vastes plaines de cailloux et d’arbustes au ras du sol, son lac salé très « en eau » après les orages récents, son beau et brut caravansérail, solitaire et doré…


Là encore, partout, des familles au grand complet venues pique-niquer (les Iraniens adorent vraiment ça!) pour célébrer Nature Day à la fin de Norouz…
Les restes de ces festivités de plein air, bien loin de tout esprit « Nature Day » feraient pâlir plus d’un Nicolas Hulot! …

Mais en attendant, toute la journée, c’est famille, joie et partage…
Ca commence généralement par un «Good morning!» suivi d’un fou-rire promptement caché derrière un hejab… on ne tarde pas à être invités, pour se retrouver assis sur un tapis…au milieu de nulle part, mais au milieu de toute une famille, à partager thé, graines en tous genres, francs sourires, et tous les mots d’anglais que nous nous trouvons en commun… Les plus jeunes parlent souvent très bien et ouvrent la porte à 1000 échanges que nos 10 petits mots de farsi n’auraient jamais pu permettre.


On repart toujours comblés, touchés de tant de dons et de joie partagée.

3 commentaires:

  1. Toutes ces photos de paysages et surtout tous ces visages qui ont l'air si sympas et accueillants, vous nous donnez envie de crapahuter par là bas ! Espérons qu'un jour nous puissions le faire. Merci pour tous vos messages, blog, mail, sms... ici tout va bien c'est moins coloré et moins...comment dire ! Mais c'est les vacances ! Bisous les choux !

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  2. Chartres, c'est beau mais quand même !
    Qu'est-ce que j'ai envie d'aller encore plus loin, vos commentaires et vos photos me font rêver.
    Alor, bonne route !
    Marie-Noëlle

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  3. @ Marie-Noëlle: merci Marie-Noëlle! C'est vrai que je vous imagine tres bien ici; le pays vous passionnerait. Je vous embrasse, Isa.

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