mercredi 29 avril 2009

Enfin nous avons vu Samarcande, la ville de Timour

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Entre Khiva et Samarcande, pour retraverser le désert de Kyzylkoum, le train ne roule que 2 fois par semaine.
Alors, à moins de préférer se faire 800 km de nids-de-poule dans un bus sans amortisseurs, mieux vaut ne pas le louper!… Et nous aurons justement la chance d’y trouver encore 2 places en «couchettes molles» le matin même du départ.

Course folle de notre taxi retardataire, et nous arrivons juste à temps à la grande «voksal» (gare) d’Ourgench (à quelques km de Khiva). Ici aussi, comme en Iran, nous sommes accueillis par un responsable de wagon très policé, qui nous escorte vers notre compartiment.

Le train, lui, semble d’un autre âge… Intérieur tout de bois, petits rideaux froncés, vieux tapis de couloir… Dans chaque wagon, le traditionnel samovar, où les braises bien rouges garantiront l’eau bouillante en libre service toute la nuit… Suivons d’ailleurs, depuis notre place, l’incessant défilé des théières de faïence bleu-nuit, que l’on vient remplir pour boire le thé dans tous les compartiments.


Nous constaterons vite qu’il n’y a pas que du thé dans les tasses… D’abord en humant l’haleine chargée de quelque nouveau camarade de voyage venu, armé d’une guitare, nous entreprendre avec une grande et communicative jovialité… ou bientôt en acceptant l’invitation d’aller s’assoir dans un autre compartiment, où 4 inconnus sont déjà devenus amis en moins d’une heure, et où un verre (ici une tasse) de vodka ne se refuse jamais!


Atmosphère joyeuse et conviviale, où l’on se fait copieusement arroser, en compagnie de Vladimir, Alexander, et bien d’autres!
Heureusement, nos deux voisines de chambrée (une jeune femme enceinte et sa grand-mère) sont nettement moins portées sur la bouteille… Ca fait un équilibre! Nous serons donc tout à fait clairs pour ne pas louper l’arrêt de Samarcande à 4h du matin!

Le décor de notre longue traversée ferroviaire du Kyzylkoum…
accompagnés tout le long par ces curieuses rangées de barrières
végétales protégeant les voies du sable envahissant.



En débarquant à cette heure, après une si courte nuit, ce que nous découvrons de Samarcande est avant tout essentiellement notre Guesthouse… ce d’autant plus que le temps «diluvien» des premiers jours ne nous incitera guère à la sortie. Et c’est presque tant-mieux! Car nous allons ainsi profiter pleinement de ce véritable cocon à l’ambiance très familiale:


La vieille maison du XIXème siècle, ses chambres traditionnelles aux plafonds couverts de motifs aux couleurs vives, les dîners savoureux et les petits-déjeuners pantagruéliques… omelettes, fromages frais, crêpes, gâteaux de noix, beignets en tous genres, yaourts maison… servis par toute la famille virevoltant autour de la grande table, où se mêlent toutes les langues et les conversations.

Une excellente base d’exploration, où l’on est toujours pressés de rentrer le soir!

Lors de nos longues balades, il y aura d’abord le quartier «neuf» (quartier Russe), dont le plan, sur notre guide, annonçait de longues et mornes allées toutes soviétiques, et qui nous surprend finalement par une vraie douceur de vivre et une verdure incroyable. Partout, le long des avenues, des constructions basses et colorées, de grands et vieux arbres au feuillage luxuriant… jusque dans les allées piétonnes commerçantes qui conduisent au cœur du grand parc Navoï.


Là, se mélangent collégiens, jeunes cadres, mères des familles, changeurs d’argent, étudiants, policiers en ballade… On vient flâner, prendre le soleil sur un banc, manger une bonne glace, écouter de la musique ou déjeuner d’un chachlik et d’une bière sous un parasol…
Nous y viendrons souvent nous aussi.

C’est aussi dans ce quartier que l’on trouvera le Centre Victor Hugo, ancienne Alliance Française, petit îlot de «chez nous», qu’une jeune Ouzbèke tente de faire survivre avec les quelques moyens accordés par l’Ambassade de France à Tashkent. Sur les murs, les photos des élèves assidus, célébrant ensemble les fêtes traditionnelles françaises, une bibliothèque pas mal fournie (on lui piquerait bien le «Samarcande» d’Amin Maalouf pour le relire ici!), et des affiches vantant les mérites de notre langue… Amusant!

Après ces plongeons au cœur de la France et de la verdure, nous repartons du côté de la vieille ville Ouzbèke pour aller admirer ces trésors qui font sa renommée mondiale.

D’abord l’incontournable Gour-Emir : le mausolée de Timour/Tamerlan (et de quelques un de ses proches), le héro de la ville et du pays, ressorti du placard pour reprendre la place des statues staliniennes. C’est à lui que l’on doit le rayonnement et aujourd’hui l’héritage fastueux de Samarcande.



Ce qui nous conduit tout directement au Registan, la place sans doute la plus célèbre de la ville (et du pays), avec ses 3 grandes et fières madrasas se faisant face, superbement restaurées.


La plus ancienne, que l’on doit à Ulug Beg (grand astronome et érudit, petit fils de Timour) au XVème siècle, est notre préférée.

Faïences, arcades délicates, petits jardins, dômes bleutés, minaret massifs et élégants, intérieurs d’or… On s’y promène, on s’y régale….


On y découvre aussi les images du temps où rien n’avait encore été restauré, où le Registan n’était pas encore un musée, mais bien plutôt un lieu de vie central de la ville, où se tenait le bazar, où tout se vendait et s’achetait… méconnaissable.


Et puis on s’éloigne un peu plus, pour aller dénicher d’autres mosquées ou mausolées plus ou moins rénovés, visiter, parcourir le vieux quartier populaire où les gamins jouent dans les rues de terre, pour atteindre et visiter l’impressionnante petite fabrique artisanale de tapis et suzanis de soie… Une ouvrière pétillante nous fait alors voyager du verre à soie jusqu’aux plus beaux tapis du pays… en passant par les grands ateliers joyeux et ensoleillés…


Enfin, nous terminons par le plus beau, le plus éclatant, le plus touchant… en découvrant le Chah-i-Zinde, cette «allée des tombeaux», où reposent de nombreux proches de Timour et de ses descendants (et, très probablement Qusam ibn-Abbas, un cousin du Prophète), dans une répétition somptueuse et infinie de teintes bleutées, en émaux, faïences, mosaïques… dont de sobres murs de briques ou de fraîches salles aux voutes pures et blanches viennent noblement relever l’éclat et la richesse…


Tout autour, à flanc de colline, le cimetière de la ville, en une anarchique et émouvante forêt de tombes envahies par les herbes folles et les coquelicots éclatants…


Doux, paisible, magnifique...
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1 commentaire:

  1. Vous n'allez pas me croire votre page est la première qui a su capter mon intérêt après 3 pages Google. Vous devriez vendre votre concept à une agence de voyage elles y gagneraient. Bravo çà donne le goût d'y aller
    M- Hélène Canada

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