dimanche 31 mai 2009

Pas vu, pas fait en Kirghisie...

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- Apercevoir le léopard des neiges, ce félin vivant dans les montagnes du Tien Shan. On en compterait au moins 7 individus, mais pas facile à rencontrer... Il faut croire qu'ils se promènent avec le Yeti (leur Dahu à eux).

- Gouter au Koumis, la boisson nationale à base de lait de jument fermenté, généralement particulièrement «mise en valeur» dans des bouteilles en plastique récupérées (ex bouteille de bière ou de coca)... Humm! Pas bien téméraires, nous n'avons pas forcé le destin et nous sommes contentés du lait de yak bien frais, bien épais, et des boulettes acides de fromage sec qui se vendent à tous les coins de rue comme des bonbons. Et c'est déjà pas mal!

- Voir un avion ravitailleur C135 de l’armée française décoller de la base américaine de Manas, à 25 km de Bichkek et à 90 minutes de vol de l’Afghanistan…. Pfiou, c’est tout près! Nous n’en aurons vu que les pilotes, en permission dans un bar de Bichkek, c’est plus calme.

- Fabrice en avait rêvé en lisant Les Cavaliers de Kessel: assister à une partie d'Oulak (on ne parle même pas d'y participer), cette espèce de jeu de polo, très répandu ici et en Afghanistan (sous le nom de Bouzkachi), un peu moins select que celui des pelouses anglaises, puisqu'il se joue avec une carcasse de chèvre fraichement dépecée... Il parait que c'est assez violent. Se joue principalement à l‘occasion des fêtes (fin mars pour Norouz et fin Août pour la fête de l‘indépendance)... Dommage, on se contentera de relire Kessel.

- Entendre un conteur nous narrer l’épopée de «Manas», un cycle de légendes orales racontant la naissance du peuple kyrgyze à travers les exploits du héros Manas. Vingt fois plus long que l’Odyssée… On aurait peut-être pas eu le temps…

- Tenter l'ascension du Pic Lénine, 7134m. Ne présentant pas vraiment de difficulté technique insurmontable, il est, parait-il, facilement accessible, pourvu que l'on soit entrainé et en bonne forme physique... Qui a déjà des fourmis dans les pattes?

Il faudra revenir, c’est sûr…
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Bye-Bye Kyrgyzstan

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samedi 30 mai 2009

Dernières étapes Kyrgyzes

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En route vers la frontière chinoise, une dernière étape citadine, Osh, deuxième ville du pays… celle la même qui avait très brièvement accueilli nos premiers pas au Kyrgyzstan quelques 3 semaines plus tôt.
Nous y retrouvons immédiatement nos marques, guidant facilement notre chauffeur tout droit vers les petites barres HLM abritant la drôle de Osh-Guesthouse

Au dernier étage d'un bloc, un vieil appartement décrépi de 70m², avec des lits dans tous les sens, un ordinateur, une cuisine (pour se faire de bons petits plats maison), et une salle de bain microscopique (dont la faible lumière évite de discerner trop précisément les couleurs des surfaces douteuses…).


Parfois plus d'eau dans l'immeuble pendant 1 jour… Le lendemain, coupure d'électricité dans tout le quartier… Mais toujours, la grande gentillesse et l'ultra disponibilité de Danyar, le jeune patron de la maison, et de sa petite équipe, pour faciliter la vie des voyageurs qui arrivent et repartent chaque jour pour aller passer les hauts cols des frontières Tadjike et Chinoise voisines (ou presque… quelques 12h de piste encore à parcourir, au minimum).

La fermeture inopinée de la frontière Chinoise à la date prévue de notre passage, nous y retiendra finalement quelques jours de plus. Et c'est un peu comme chez nous que nous nous installons, cuisinant nos repas à la maison, allant même parfois jusqu'à assurer l'accueil des nouveaux arrivants du jour.
De là, nous profitons de la ville. Plus traditionnelle et conservatrice, elle est bien loin d'offrir les même distractions que Bichkek (inutile, par exemple, d'espérer trouver un petit bar tendance, ou autre chose qu'une chai-khané servant de la graisse de mouton pour l'anniversaire d'Isa); ce qui ne nous empêche pas pour autant de nous y plaire.

Retenons particulièrement :

- Le bazar

... qui fut l'un des très hauts-lieux de commerce de la route de la Soie en son temps, gigantesque, occupant tout un quartier de la ville, en plein air, à cheval sur la rivière… fouillis, tortueux, coloré, traditionnel, accueillant, beau, léger, incroyablement bien achalandé en tout et n'importe quoi… on s'y perd volontiers, à l'ombre des échoppes et des auvents multicolores alors que le soleil et la chaleur s'abattent lourdement sur la ville, ressortant tout contents, les bras chargés de victuailles pour la prochaine tambouille maison dont on se réjouit déjà…

- La statue de Lénine… Immense, fière, qui semble ici toujours respectée, debout à l'orée du parc… C'est tout de même impressionnant!

- Les allées ombragées et animées du parc Navoï,

avec ses airs de kermesse de fin d'année, que jeunes et vieux ont envahies en ces premiers jours de vacances (ça commence tôt ici!). Manèges mécaniques, ballons, glaces, chachliks grillant sur les braises, stands de tir-au-ballon, concours bruyants de karaoké, batailles d'eau endiablées dans les fontaines… Sous les arbres, brochette de joueurs d'échec ou backgammon, concentrés, entourés de badauds….ou, un peu plus loin une spectaculaire partie de Upaï, ce jeu à base d'os de moutons que nous avions pris, de loin, pour une partie de pétanque…


Légèreté, rires, détente… un air joyeux de grandes vacances qui donne le sourire.

Plus de sobriété en quittant Osh vers le Sud, en direction de la Chine, celle du haut plateau de l'Alaï, à 3600m d'altitude… Immense étendue d'herbes rases, balayées par les vents puissants descendant des massives montagnes encore entièrement couvertes de neige qui nous entourent.


Nous sommes à Sary-Moghul, au pied du Pic Lénine, ce fameux «7000» (7134m exactement) réputé pour être le plus accessible de ces géants (même à nous!), et qui nous donne bien quelques envies de revenir un jour pour un séjour plus sportif…


Pour l'heure, nous nous contentons d'en admirer, depuis le bas, ce que la danse des nuages veut bien laisser apparaître (au final, nous aurons certainement vu tous les morceaux, mais jamais en même temps!), et grimpons plus modestement à travers les alpages conduisant au Col de Gyptik, qui lui fait face.


Longue, régulière et agréable montée dans un paysage bien plus «chauve» que ce que nous avions pu voir dans la vallée d'Altyn Arachan. Nous sommes bien plus haut, rien, à part l'herbe rase, ne pousse vraiment ici… (et le bois est d'ailleurs remplacé par les galettes de Tezek, ces bouses d'animaux scrupuleusement collectionnées et séchées afin de pouvoir se chauffer et cuisiner).


Retrouvons moutons, chèvres et chevaux batifolant en grande liberté, mais également, ici, de bons gros yaks tout poilus, et une multitude de petites marmottes dorées, jouant malicieusement à cache-cache avec notre objectif…

Traversées à cheval des eaux tumultueuses des torrents (pas de ponts ici), agrippés à notre guide Hamid, quelques instants installés derrière lui à même la croupe toute tiède de sa monture…



Silence et sérénité de ces hauts-alpages isolés, névés bloquant notre route, pauses chai, lipiochka et lait de yak au bord du ruisseau, ou chez l'habitant, toujours aussi hospitalier malgré d'apparentes rudes conditions de vie… Nous leur donnons nos 2 pommes, qui semblent faire une joie en ces terres désertes, et redescendons, soûlés de vent, retrouver la chaleureuse petite cahute de notre hôte Umar, au village.


De là, nous reprenons déjà la route pour le village voisin de Sary Tach, afin de dormir au plus près de la frontière chinoise, dont le passage est prévu au plus tôt le lendemain matin.
Les paysages sont grandioses…

Pour voir le panoramique en grand, cliquez sur l'image

La route vers la Chine s'annonce magnifique.

dimanche 24 mai 2009

Kyrgyzstan, Kirghisie, Kirghizstan... une contrée magnifique, un pays qui s'effondre...

Après les yourtes, les aigles, les chevauchées sauvages, les randos, les torrents, les petites fleurs et les moutons, il nous faut bien, tout de même, regagner Bishkek (et son ambassade Chinoise), isolée tout au nord du pays par de hauts massifs montagneux, qu'il ne faut pas moins de 10 heures de route pour traverser.


Cette capitale, bordée de montagnes encore blanches et de champs de coquelicots, on ne la visite pas, on y vit plutôt... et cette vie a vite fait de remplir nos journées.


Il y a bien sûr encore les démarches administratives pour obtenir notre ultime visa...
Il y a aussi tout simplement le quotidien... se nourrir, trouver une laverie, poster une lettre, communiquer, réparer son jeans... accumulation de petites choses, qui nous prennent ici des heures, dans une ville inconnue, où tout est bien loin d'être toujours à portée de main comme chez nous...
Enfin, il y a les rencontres, Kyrgyzes ou internationales... Andrea (Suisse) et Marketa (Tchèque) en mission pour MSF, Svetlana (Kyrgyze) médecin du CICR, Simon (Allemand) au service consulaire de son ambassade, Alexander (Kyrgyze d'origine Russe) de la très dynamique agence de voyage francophone Ultimate Adventure, Smail (Algérien, Kyrgyze d'adoption et de coeur), directeur de cette même agence...

Une rando partagée, une pause Chai, un petit-déj délicieusement interminable dans le jardin d'Ultimate Adventure, une séance piscine avec les filles... On se voit, se revoit... On papote, pendant des heures... D'abord de tout et de rien, et puis, très vite, toujours du Kyrgyzstan... De toutes ses beautés... et de sa si difficile réalité...

Corruption sans limite, pauvreté, infrastructures en ruines, mésentente profonde entre les régions, trop isolées par les montagnes, d'une république arbitrairement créée sous l'ère soviétique, sur un territoire loin d'englober tous les Kyrgyzes (peuple nomade alors sans aucune frontière) et comptant une grande partie d'Ouzbèkes, qui ne se reconnaissent aucunement dans cette identité nationale imposée.

En 1991, c'est une indépendance pas particulièrement souhaitée, qui leur tombe dessus.
Sortie, en un claquement de doigts, du giron soviétique... Tout est a créer/re-créer... gouvernement, institutions, monnaie, approvisionnement, relations commerciales, système pénal, etc...
Le nouveau pays s'organise, bien vite dirigé par l'élite sociale historique du peuple Kyrgyze : les descendants de "la première Babushka" - 1ere épouse d'un lointain souverain - , les descendants des épouses suivantes n'étant que leurs subordonnés... Presque un système de castes qui semble perdurer encore fortement dans les comportements.

4 présidents d'Asie Centrale: Tadjikistan, Kyrgyzstan, Ouzbékistan, Kazakhstan

Au sein de cette élite, chacun des présidents en place (deux jusqu'ici) installera l'ensemble de ses proches aux postes-clé du pouvoir... Peu importe le mérite, seule compte l'appartenance au bon clan... ou, bien entendu, le petit billet vert (plutôt gros de préférence) placé au bon moment, à la bonne personne...
Ainsi le Kyrgyzstan, en quelques années, est devenu un favori dans le top 20 des pays les plus corrompus.
Ici, tout s'achète! A l'université même, la valeur du travail a entièrement disparu; quelle que soit sa compétence ou son ardeur au travail, il faudra, dans tous les cas, "acheter" son diplôme... Tout comme on achète son permis de conduire (les routes sont truffées de "fangios" pédants qui font crisser leurs pneus), ou sa liberté même après avoir commis le plus horrible des crimes.
Un système qui ne profite, bien sûr, qu'à l'infime partie aisée de la population.


Pendant que le pouvoir s'engraisse, à tous les échelons, le pays s'asphyxie et s'effondre lentement.
Les médecins reçoivent un salaire de misère (~35USD / mois), les enseignants ne sont quasiment plus payés depuis bientôt 4 ans (ce qui augmente chaque année toujours un peu plus une dette d'exécution du budget qui bat tous les records)... Aussi les plus compétents désertent-ils le pays pour aller tenter leur chance en Russie, laissant craindre le pire pour l'avenir du système de santé, le système éducatif étant, lui, déjà complètement sinistré.

Dans les villages, ou aux abords des villes, les classes les plus modestes cultivent le moindre lopin de terre pour améliorer leur quotidien. Pour eux, c'est sûr, c'était mieux avant... "avec les Russes, ils avaient tout!... Éducation, santé, nourriture en quantité suffisante, gaz, électricité, etc...et libre circulation dans tous les états de l'union"
Depuis l'indépendance, plus question de synergies avec les pays voisins, aux "spécialisations" si habilement mises en place par le régime de Moscou. Plutôt que de payer désormais des visas onéreux, chacun reste chez soi. Fini les fruits et légumes d'Ouzbékistan, le gaz naturel du Kazakstan... Ce dont le Kyrgyzstan souffre particulièrement, bien moins doté que ses voisins en ressources naturelles (pas de gaz notamment - rappelons qu'au Turkmenistan, à l'inverse, on le laisse allumé toute la journée pour ne pas dépenser une allumette).

Quant aux productions locales, le gouvernement préfère les réserver prioritairement a l'export, autrement plus lucratif, laissant par exemple les habitants très régulièrement (quotidiennement?) privés d'électricité (sauf peut être en ce moment, à 2 mois des élections présidentielles).

Trace de la regrettée période russe : cette sorte de service civique, dès les premiers samedis du printemps, où tous les habitants, plus particulièrement les lycéens et étudiants, s'affairent ensemble dans les rues, nettoyant et entretenant trottoirs et espaces verts... et c'est vrai qu'ils sont particulièrement propres et agréables!
Joli petit reste de cet idéal initial d'égalité et d'implication de chacun pour les bien être de tous...


La tête pleine de tout cet envers du décor, nous reprenons la route, vers le Sud, traversant cette fameuse barrière de montagnes qui sépare trop les régions, regardants nos camarades de voyage un peu différemment, avec cette impression de les connaître un tout petit peu mieux...

Pour voir ce panorama en grand, cliquez sur l'image

A Arslanbob, accueillant petit village de montagne très traditionnel où nous ferons étape le temps d'une belle ballade et deux nuits, nous verrons les petits lopins de terre cultivés partout pour subsister, nous entendrons le "c'était mieux avec les Russes" de la bouche de Nisom, qui nous guide à travers l'immense et rafraîchissante forêt de noyers, qui fait la renommée de cette jolie vallée escarpée.


Ici, tout le monde travaille aux champs ou dans les arbres. Et les enfants, vraiment débrouillards très jeunes ici, manquent souvent, pour aider la famille, plusieurs mois de cette école qui leur semble offrir si peu de débouchés...



De notre côté, nous retrouvons, à nouveau loin de la ville, entassés pendant nos longues heures de trajet ou chez nos hôtes adorables à Arslanbob, l'immense barrière que représente notre ignorance de la langue Russe (notre anglais ne suffit pas ici).
Il faut alors plutôt laisser faire le temps ou les circonstances, qui permettront un sourire, une attention, un petit coup de main, ou un jeu avec les enfants (merci les marionnettes à doigts IKEA!)...



Et bientôt, tous nous prennent sous leur aile... Sans s'en rendre compte, on échange, on ne sait comment, une quantité incroyable d'informations sur ce que nous sommes, sur nos vies... et l'on regrette bientôt de devoir se dire au-revoir si vite, repartant parfois avec un cadeau, et toujours, avec des sourires francs et éclatants qui font chaud au coeur.

samedi 23 mai 2009

CBT, la voie Kyrgyze du tourisme équitable?

Parmi les quelques pays traversés jusqu'ici, le Kyrgyzstan semble avoir trouvé la voie d'une ouverture au tourisme qui s'organise nationalement, en faveur du peuple Kyrgyze... Non pas par l'état, mais par une association indépendante, le CBT (Community Based Tourism). Créé il y a une quinzaine d'années à l'initiative d'organisations de développement, le CBT rassemble un nombre croissant de familles, éleveurs, guides, chauffeurs... désireux de travailler pour le tourisme, accueillir les étrangers, faire vivre et partager leurs traditions.


Ainsi, dans chaque ville ou village, il y aura toujours un "relais CBT" ultra accueillant et réactif (Azylbek, le coordinateur national, vous répond à toute heure du jour et de la nuit, envoyant les infos par sms en un temps record), pour vous envoyer dîner chez l'habitant , dormir dans une yourte, monter les chevaux d'un berger, rencontrer un vieux chasseur et son aigle, le tout dans des conditions établies protégeant chacun.


Beaucoup de simplicité et d'authenticité pour les touristes que nous sommes, et, surtout, de formidables rencontres.

jeudi 21 mai 2009

Entre Issyk-Kul et les Tian Shan, Kyrgyzstan

Première escapade vers la nature Kyrgyze, la toute petite ville de Karakol, là bas au Nord-Est du pays, nichée entre les eaux bleues de l’immense lac Issyk-Kul et la chaine des Tian Shan (les Monts Célestes), à deux pas des frontières Kazaque et Chinoise.


Ici, encore plus qu’ailleurs, nous vibrons à l’idée de mettre chaque jour nos pas dans ceux d’Ella Maillard, quelques 80 années après elle, tout heureux lorsque nous retrouvons devant nos yeux telle ou telle de ses descriptions.

Après tant d’années, Karakol s’est forcément transformée, mais on devine, en s’y promenant, que ces évolutions demeurent sans doute très mesurées…
A part quelques bâtiments modernes (l’Université et ses alentours, proche du centre), la ville reste modestement faite de ces vieilles petites maisons russes aux folkloriques frises de bois colorées assorties aux volets… et de ces longues rues en quadrillage parfait - certaines encore en terre battue - bordées de hauts peupliers au feuillage vert tendre…


Au détour de l’une d’elles, on découvre, blottie au milieu d’un pré de pissenlits et d’arbres fruitiers en fleurs, la très jolie et touchante Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité, tout de bois, coiffée de ces élégants bulbes dorés si typiques, à nos yeux, de la Russie… A l’intérieur, bois aussi, fleurs et icones aux couleurs vives, babushkas souriantes vendant des images pieuses… Chaleureux, apaisant… Nous nous y arrêterons un bon moment, silencieux.


A quelques rues de là, complètement «décalée», la Mosquée chinoise, aux inattendus airs de pagode, avec son toit recourbé, ses panneaux ciselés… Construite au début du XXème siècle, sans clou ni visse, par une communauté chinoise de Dounganes, très présents dans le pays.
Un autre petit havre de paix, raffiné.


De cette curieuse et paisible petite ville, nous partons crapahuter dans les Tian Shan, qui abritent le Pic Victoria (Pobedy), point culminant du pays avec ses 7439m…


A pied d’abord, dans la haute vallée d’Altyn Arachan (3000m), au cœur des frais pâturages d‘altitude… Troupeaux de moutons désordonnés, superbes chevaux en liberté, boutons-d’or et autres fleurs sauvages colorées…


Et, au milieu, tout près du torrent, notre petit refuge tout basique mais bien pratique, où l’on se réchauffe en buvant le thé devant la cheminée, dans un décor de majestueux sapins vers sombre et de sommets enneigés.


Surveillés par la haute silhouette du pic Palatka (4620m), grimpons au creux d’une raide combe aux odeurs de thym, le long d’un turbulent ruisseau, pour aller nous offrir un montagnard festin de fromage et lipiochka, assis sur un petit promontoire rocheux à la vue imprenable…


Après l’effort, le réconfort… redescendons vers nos pâturages pour aller se délasser un moment dans les délicieuses sources d’eau chaude, à l’abri d’une petite grotte surplombant le torrent… magique!

Dès le lendemain, c’est à cheval que nous repartons, guidés par le jeune Sunbek, pour aller découvrir le parc naturel de Karakol.
Avec nos vaillantes montures, il ne faudra pas plus d’une petite heure pour avoir raison des premières «bavantes» et déboucher sur le décor grandiose d’alpages vallonnés à perte de vue… Un paysage à couper le souffle, où l’on imagine volontiers de folles et libres chevauchées au grand galop… que nous ne tenterons pas, néophytes cavaliers que nous sommes! (la seule tentative, bien involontaire, d’Isa, évitant de justesse la chute, calmera toute velléité de notre part pour la journée).


Nous leur préférerons le rythme régulier et pausé du pas, ou, moins confortable mais maîtrisé, du trot, nous laissant profiter pleinement de chaque nouvel environnement… dans l’ombre rafraichissante de la forêt de sapins, sur les pentes escarpées et rocailleuses plongeant vers l’étroite vallée sauvage, ou paisiblement le long du torrent… Nous finirons en beauté avec le jaune éblouissant des collines envahies de fleurs, surplombant Karakol, l’extrémité du lac et, juste derrière, la ribambelle de sommets tout blancs de la chaine du Küngey Alatau (qui nous sépare du Kazakhstan)… Complètement émerveillés, et courbaturés comme jamais! (comment font ceux qui partent à cheval plusieurs jours?).


Brunis par le soleil, endoloris par nos escapades, et ravis par ce grand bol de hauteurs vertes, nous reprendrons la route vers l’Ouest, en direction de Bichkek, non sans nous accorder une dernière pause au bord du lac Issyk Kul - 2ème plus grand lac « alpin » au monde, dont les eaux, étonnamment chaudes, ne gèlent jamais malgré ses 1600m d’altitude.


Ce sera pour nous l’occasion de goûter enfin, pour un court moment, à la vie en yourte.
Accueillis chaleureusement par Bakhit et sa femme Ernietta, nous aurons cette chance d’entrer un peu plus avant dans leur pays… Apprenant à comprendre un peu mieux le Kyrgyzstan d’aujourd’hui avec un Bakhit avide d’échanges et généreux de ses idées… et découvrant un petit morceau de leurs traditions, qu’ils ont à cœur de préserver et de faire connaitre.


Grâce à eux, rencontrons Irchanbek et son magnifique rapace Toman, fier de nous donner un petit aperçu de cette noble tradition de la chasse à l’aigle…


Et savourerons la magie de nous prendre, un court instant, un peu pour des nomades d’ici (5 Etoiles, il faut l’admettre), en nous pelotonnant dans notre abri de feutre tout cosy et coloré, allongés sur des shyrdakhs (ces tapis en feutre traditionnels), à contempler les nuages et le bleu du ciel par cette si belle ouverture circulaire, qui fait comme un deuxième soleil, là juste au dessus de nos têtes…