jeudi 21 mai 2009

Entre Issyk-Kul et les Tian Shan, Kyrgyzstan

Première escapade vers la nature Kyrgyze, la toute petite ville de Karakol, là bas au Nord-Est du pays, nichée entre les eaux bleues de l’immense lac Issyk-Kul et la chaine des Tian Shan (les Monts Célestes), à deux pas des frontières Kazaque et Chinoise.


Ici, encore plus qu’ailleurs, nous vibrons à l’idée de mettre chaque jour nos pas dans ceux d’Ella Maillard, quelques 80 années après elle, tout heureux lorsque nous retrouvons devant nos yeux telle ou telle de ses descriptions.

Après tant d’années, Karakol s’est forcément transformée, mais on devine, en s’y promenant, que ces évolutions demeurent sans doute très mesurées…
A part quelques bâtiments modernes (l’Université et ses alentours, proche du centre), la ville reste modestement faite de ces vieilles petites maisons russes aux folkloriques frises de bois colorées assorties aux volets… et de ces longues rues en quadrillage parfait - certaines encore en terre battue - bordées de hauts peupliers au feuillage vert tendre…


Au détour de l’une d’elles, on découvre, blottie au milieu d’un pré de pissenlits et d’arbres fruitiers en fleurs, la très jolie et touchante Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité, tout de bois, coiffée de ces élégants bulbes dorés si typiques, à nos yeux, de la Russie… A l’intérieur, bois aussi, fleurs et icones aux couleurs vives, babushkas souriantes vendant des images pieuses… Chaleureux, apaisant… Nous nous y arrêterons un bon moment, silencieux.


A quelques rues de là, complètement «décalée», la Mosquée chinoise, aux inattendus airs de pagode, avec son toit recourbé, ses panneaux ciselés… Construite au début du XXème siècle, sans clou ni visse, par une communauté chinoise de Dounganes, très présents dans le pays.
Un autre petit havre de paix, raffiné.


De cette curieuse et paisible petite ville, nous partons crapahuter dans les Tian Shan, qui abritent le Pic Victoria (Pobedy), point culminant du pays avec ses 7439m…


A pied d’abord, dans la haute vallée d’Altyn Arachan (3000m), au cœur des frais pâturages d‘altitude… Troupeaux de moutons désordonnés, superbes chevaux en liberté, boutons-d’or et autres fleurs sauvages colorées…


Et, au milieu, tout près du torrent, notre petit refuge tout basique mais bien pratique, où l’on se réchauffe en buvant le thé devant la cheminée, dans un décor de majestueux sapins vers sombre et de sommets enneigés.


Surveillés par la haute silhouette du pic Palatka (4620m), grimpons au creux d’une raide combe aux odeurs de thym, le long d’un turbulent ruisseau, pour aller nous offrir un montagnard festin de fromage et lipiochka, assis sur un petit promontoire rocheux à la vue imprenable…


Après l’effort, le réconfort… redescendons vers nos pâturages pour aller se délasser un moment dans les délicieuses sources d’eau chaude, à l’abri d’une petite grotte surplombant le torrent… magique!

Dès le lendemain, c’est à cheval que nous repartons, guidés par le jeune Sunbek, pour aller découvrir le parc naturel de Karakol.
Avec nos vaillantes montures, il ne faudra pas plus d’une petite heure pour avoir raison des premières «bavantes» et déboucher sur le décor grandiose d’alpages vallonnés à perte de vue… Un paysage à couper le souffle, où l’on imagine volontiers de folles et libres chevauchées au grand galop… que nous ne tenterons pas, néophytes cavaliers que nous sommes! (la seule tentative, bien involontaire, d’Isa, évitant de justesse la chute, calmera toute velléité de notre part pour la journée).


Nous leur préférerons le rythme régulier et pausé du pas, ou, moins confortable mais maîtrisé, du trot, nous laissant profiter pleinement de chaque nouvel environnement… dans l’ombre rafraichissante de la forêt de sapins, sur les pentes escarpées et rocailleuses plongeant vers l’étroite vallée sauvage, ou paisiblement le long du torrent… Nous finirons en beauté avec le jaune éblouissant des collines envahies de fleurs, surplombant Karakol, l’extrémité du lac et, juste derrière, la ribambelle de sommets tout blancs de la chaine du Küngey Alatau (qui nous sépare du Kazakhstan)… Complètement émerveillés, et courbaturés comme jamais! (comment font ceux qui partent à cheval plusieurs jours?).


Brunis par le soleil, endoloris par nos escapades, et ravis par ce grand bol de hauteurs vertes, nous reprendrons la route vers l’Ouest, en direction de Bichkek, non sans nous accorder une dernière pause au bord du lac Issyk Kul - 2ème plus grand lac « alpin » au monde, dont les eaux, étonnamment chaudes, ne gèlent jamais malgré ses 1600m d’altitude.


Ce sera pour nous l’occasion de goûter enfin, pour un court moment, à la vie en yourte.
Accueillis chaleureusement par Bakhit et sa femme Ernietta, nous aurons cette chance d’entrer un peu plus avant dans leur pays… Apprenant à comprendre un peu mieux le Kyrgyzstan d’aujourd’hui avec un Bakhit avide d’échanges et généreux de ses idées… et découvrant un petit morceau de leurs traditions, qu’ils ont à cœur de préserver et de faire connaitre.


Grâce à eux, rencontrons Irchanbek et son magnifique rapace Toman, fier de nous donner un petit aperçu de cette noble tradition de la chasse à l’aigle…


Et savourerons la magie de nous prendre, un court instant, un peu pour des nomades d’ici (5 Etoiles, il faut l’admettre), en nous pelotonnant dans notre abri de feutre tout cosy et coloré, allongés sur des shyrdakhs (ces tapis en feutre traditionnels), à contempler les nuages et le bleu du ciel par cette si belle ouverture circulaire, qui fait comme un deuxième soleil, là juste au dessus de nos têtes…


3 commentaires:

  1. Magnifique. Même moi qui ne suis pas très gaillard, ça me donne envie. Naturellement, ce sera envisageable pour moi quand Air France desservira l'aéroport local.

    Quand j'étais allé en Mongolie en 2002, après m'être renseigné sur les structures hospitalières locales, j'avais demandé à mon médecin généraliste s'il était possible de se faire opérer de l'appendicite de manière préventive. Refus. J'avais également jugé inutile de me lancer dans des parcours à cheval.

    En Kirghizie, je pense que tu es dans une situation non inintéressante avec un traumatisme crânien ou une infection à cause d'un coup de serre malheureux du bestiaux à plumes !

    Mais je manque de recul...

    Saluez mes amis du Nord Pakistan la semaine prochaine et dites à leurs copains du Sud de nous rendre leur otage français !

    Thibaut

    RépondreSupprimer
  2. Exceptionnel.

    Comme je suis de plus en plus jaloux, je vais donc essayer de titiller un peu Fabrice avec mon week-end de l’Ascension et le Tresco Télégramme Trophée, course à la voile, faite sur le First 31.7 d’un ami :

    - première étape : Morlaix-Guernesey, de nuit, sous spi, petit vent force 3, 10°C minimum, ciel dégagé (donc étoilé) et petite polaire (veste de quart à peine nécessaire).

    - escale à Guernesey : petit footing sur la falaise dans un sous bois surplombant la mer au milieu d’un parterre de clochettes, visite de la maison de Victor Hugo, dégustation d’araignées avec vin blanc sur les pontons (remember Dingle)

    - deuxième étape avec départ toujours sous spi au soleil levant de Guernesey et arrivée à Perros-Guirec accueillis par les fous de Bassan.

    - Dernière étape Perros-Morlaix avec arrivée dans la baie de Morlaix toujours sous spi (force 3) et sous le soleil aux milieu des cailloux à marée basse.

    Ca y est, j’ai fait un peu ma thérapie, pas sûr que ça vous ait rendu très jaloux et c’est très bien comme ça.

    Continuez à nous faire profiter et nous, avec Catherine, on prépare notre sac … pour dans quelques années.

    On vous embrasse.

    Alain et Catherine

    RépondreSupprimer
  3. Alain et Catherine, on pourra venir avec vous ?

    RépondreSupprimer