jeudi 2 juillet 2009

De Delhi à Agra

Après le magique et envoutant «comité d'accueil» des Sikhs et de leur Golden Temple, il nous faut quitter ce monde un peu à part pour pénétrer plus avant dans l'immense pays. Direction plein Sud, à bord du très rapide Shatabdi Express, pour parcourir les 450 km, qui nous séparent de la capitale.


6 heures de train calmes et frigorifiques (les Indiens adorent régler la clim sur 16° C)… L'arrivée dans la fournaise n'en est que plus saisissante! Et c'est déjà trempés et assommés qu'il nous faut, paquetage sur le dos, trouver notre chemin vers la sortie, à travers des quais bondés… bousculades de voyageurs pressés, acrobatiques piles de bagages écrasant les vaillants coolies (porteurs) dont on ne voit plus dépasser que le traditionnel kurta rouge sombre, «tapis» géant et infranchissables de corps endormis à même le sol, attendant là quelques heures (ou quelques jours?) on ne sait trop quelle correspondance, foule grouillante, chauffeurs de rikshaw à l'affut (et nous sommes une cible de choix!)…

Nous voici donc à Delhi, immense avec ses 12,8 millions d'habitants.
Ville aux multiples visages…

Au Nord, Old Delhi, avec ses ruelles étroites et sales, encombrées et vivantes, ses échoppes crasseuses, ses odeurs de friture, son inextricable réseau de câbles électriques qui courent dangereusement au dessus des têtes le long des bâtisses, ses vaches, ses espèces de chèvres géantes aux oreilles pachydermiques et aux museaux de bélugas (si, si, c'est possible), ses mosquées, ses temples hindous, jaïn, son fort Moghol,…


Au Sud, New Delhi, un autre monde… Longues et larges avenues vertes bien nettes, arbres généreux, propreté relative, grands hôtels, édifices imposants du parlement, voies rapides, quartiers résidentiels protégés, monuments élégants…


Entre les deux, Connaught Place, cette vaste place circulaire qui semble être le cœur de la ville (avec ses boutiques, ses banques, ses agences, ses restos),

Cliquer sur l'image pour voir le panorama en plus grand

et enfin, le quartier des «toutous» …
A Katmandu, il y a Tamel,
A Bangkok, il y a Kao San Road,
A Delhi, il y a… Paharganj! Et plus particulièrement Main Bazar, cette longue et étroite rue poussiéreuse, qui pourrait presque appartenir à Old Delhi. Concentrant la quasi-totalité des hôtels bons marchés de la ville, et idéalement située entre les deux mondes (Old et New), à proximité directe de la gare, elle est devenue le QG touristique de la ville, et, inévitablement, ici, le théâtre d'une nouvelle foule «colorée»…. Celle qui, presque compulsivement, revêt dès son arrivée tout ce qui existe de flasque, de cool et d'archi-flashi, et la démarche nonchalante qui va avec… On aime ou on aime pas…

Première fois, premier endroit, en 5 mois de voyage, où nous croisons autant de touristes à la fois (en «pyjama» ou pas).
C'est en tout cas là, comme les autres, pressés d'arriver, que nous posons nos bagages, pour rayonner pendant 4 jours à la découverte Delhi.

Notre moyen de transport favori, pour éviter trop d'interminables négociations avec les impitoyables rikshaw-wallahs, le Métro!… enfin terminé et opérationnel, qui nous semble avoir révolutionné le paysage de la ville, lui donnant un nouvel air de capitale moderne.
Tout beau, tout propre, sécurisé, climatisé, organisé… On s'ébahit littéralement en découvrant les impeccables files de passagers attendant sagement l'arrivée de la rame de chaque côté des marquages de portes (dans un pays ou le moindre passage devant un guichet ou un comptoir n'est autre qu'une puérile lutte sauvage sans foi ni loi, c'est pour le moins surprenant)…


Et puis la rame arrive, et les impeccables files se transforment en une masse informe et puissante qui se jette avec force dans le passage pour entrer coute que coute avant que quiconque ne soit sorti… Nous voilà rassurés, voilà qui nous parait plus cohérent!

Bravant les foules et la chaleur, non sans se ménager de longs et délicieux shots d'air conditionnés dans les Coffee Day, Mac Do, restos indiens à la mode et boutiques de Connaught place (surtout Fabindia!), nous parcourrons la ville du Nord au Sud, rarement seuls, puisque toute l'Inde est en vacances d'été pour encore quelques jours (en mai et juin ici, pendant les très grosses chaleurs qui précèdent la mousson)…

Visite de la grande mosquée Jama Masjid et du très imposant Red Fort, dominant le tumulte de Old Delhi, vestiges des temps les plus prestigieux de l'ère Moghole (sous Shah Jahan, puis Aurangzeb au 17ème siècle)…

Premiers pas dans un lieu de culte Jain, le Digambara Temple et son Bird Hôpital (!), cette religion créée au 6ème siècle en opposition au système des castes et aux rites hindouistes, prônant une vie pure et austère, et s'appliquant à préserver toute forme de vie sur terre (c'est ainsi, par exemple, que les Jains les plus puristes se promènent en tous lieux avec un balais devant eux pour écarter le moindre être vivant que pourraient écraser leurs pas, ou s'interdisent de manger des pommes de terres, par crainte, en les déterrant, de détruire la faune sous-terraine alentours… On adhère, ou pas).


Promenade marquante à Raj Ghat, ce sobre et imposant monument de marbre noir, érigé au cœur d'un vaste parc paisible, à la mémoire du Mahatma Gandhi sur le lieu même de sa crémation le 31 janvier 1948,


avant d'aller visiter, plus au Sud, Smriti Gandhi, la maison et le jardin où il vécu ses derniers jours et derniers instants, transformés en un beau et calme musé commémorant la vie, l'esprit, les idées et le rôle profondément fondateur du «Père de la Nation Indienne».


Emerveillement devant la douceur et le raffinement extrême de la somptueuse tombe d'Humayun (le deuxième empereur Moghol), dont les proportions et le haut dôme en bulbe préfigurèrent, dès le 16ème siècle, la splendeur aboutie du Taj Mahal de Shah Jahan (17ème).


Rafraichissant plongeon de luxe, calme, volupté et amitié, pour ces bien chouettes retrouvailles avec l'ami Fabrice, le temps d'une agréable soirée à l'Hôtel Oberoi.


Interminable marche étouffante et sur-humide (nos vêtement sont entièrement trempés au moindre effort physique), sous le ciel lourd et gris de cette mousson qui ne veut toujours pas éclater, le long de Rajpath (littéralement Allée des Rois), cette longue et majestueuse avenue verte qui mène à India Gate depuis le palais présidentiel Rashtrapati Bhavan.


L'air finira par se rafraichir d'à peine quelques degrés au moment de notre départ, avec les premières gouttes et premiers orages de mousson annoncés par des vents soudains, d'une violence incroyable, balayant tout sur leur passage.

C'est à Agra, 200 km plus loin, que nous prendrons une première vraie «douche» , venue arroser notre visite au Taj Mahal!


Ca change des cartes postales sur fond bleu…
Même si les pietra-dura (pierreries incrustées) qui font la grande richesse et délicatesse du mythique monument, ne peuvent donner tout leur éclat sans les rayons du soleil, le mythique mausolée, où repose Mumtaz Mahal, est tout aussi beau, imposant et majestueux sous la pluie ou dans un ciel tourmenté. Et, pendant que l'on courrait entre les ondées, les aigrettes blanches s'en donnaient à cœur joie sur les grandes pelouses vertes inondées…


Comme un vrai orage d'été, la pluie ne sera pas venue nous rafraichir bien longtemps, nous laissant nous imprégner tranquillement de ce décor magique.


Et c'est même sous un ciel bien bleu et un brûlant soleil, que nous profiterons de quelques autres trésors, non moins exceptionnels, qu'offre Agra et ses alentours, avec le Red Fort (ici aussi), mais aussi, et surtout, le calme et la très grande beauté de la tombe d'Akbar le Grand et des jardins qui l'entourent, à Sikandra,

Ou encore l'impressionnante citée de Fatehpur Sikri, somptueux trésor d'architecture Indo-Islamique, créée par le même Akbar, qui en fit la capitale de l'Empire Moghol. Une capitale trop difficile à alimenter en eau, qui fut abandonnée au bout de 14 années seulement, nous offrant aujourd'hui la faveur d'une belle promenade silencieuse dans des murs incroyablement préservés…

1 commentaire: