mardi 9 juin 2009

Sur les terres douces et généreuses du Mir de Hunza

Première véritable étape de notre séjour Pakistanais, et principal but de notre entrée dans le pays: la vallée de Hunza, au cœur de la chaine du Karakoram, avec, comme base d’exploration, le tout paisible village de Karimabad.


Arrivés à la nuit tombée, nous cherchons à tâtons (coupure d’électricité oblige - c’est normal ici) un nouveau toit, pour nous écraser bien vite comme des masses après ces longues heures de voyage, ballotés depuis la Chine, sur cette folle route du Karakoram.
Ce n’est qu’au petit matin, au réveil, que nous découvrons le magique décor de cette oasis de calme et de verdure où nous venons d’atterrir...

Implanté à flanc de montagne autour d’un ingénieux réseau de petits canaux d’irrigation , courant sur plus de 8km, nourri par les eaux fraiches et pures descendues des hauts glaciers, Karimabad s’étale en une vaste cascade de verdure, empilant ses maisonnettes proprettes, les impeccables parcelles de ses cultures en terrasses, ses arbustes fleuris, ses denses vergers déjà débordants de 1000 fruits… pommes, noix, pêches, cerises, prunes, abricots… couronné, tout là haut, par la massive silhouette, presque Tibétaine, du Baltit Fort, ancienne résidence des Mirs de Hunza.


Pieds nus dans l’herbe, savourant la douce lumière du matin, une bonne tasse de Tchai à la main (ici, au lait et aux épices, archi sucré), on se laisse délicieusement envahir par tant de fraicheur et de paix... Et puis on se tord un peu le cou pour regarder plus haut… et là, ce sont les majestueux sommets blancs et étincelants qui nous surplombent, à pic, du haut de leurs 7000m... Le Rakaposhi, massif, les parois rocheuses abruptes et aiguisées du Lady Finger, le Hunza Peak dans un manteau de brume… Waouh! Qu’est-ce que c’est beau! Et qu’est-ce qu’on est bien!


Ce nouveau «chez-nous» est immédiatement adopté. Nous savons que nous allons nous plaire ici, et plus particulièrement au Mulberry Inn, notre Guesthouse si familiale, avec son frais jardin un peu sauvage, ses rosiers parfumés, ses douches bien chaudes, ses bons petits plats, son patron aux petits soins et ses pensionnaires pakistanais si accueillants.


En quelques allers-retours -essoufflés- le long de LA route du village, grimpant jusqu’au fort, nous ne tardons pas à connaitre bien vite toutes les échoppes, et le salut cordial et souriant de chacun de leurs tenanciers (et non tenancières, car ici, au Pakistan, tout est tenu par les hommes).

Petit à petit, nous découvrons l’identité et l’histoire de ce petit morceau du monde longtemps isolé du monde...
- D’abord par sa situation géographique au cœur de ce massif montagneux si infranchissable, que seuls de bien téméraires marchands, ou d’inconscients aventuriers se risquaient à traverser... (les vestiges périlleux de l'ancienne route de la Soie laissent entrevoir la difficulté et le danger d’une telle entreprise).


Les habitants de Karimabad, vivant paisiblement en autarcie, ne verront leur première jeep que dans les années 60, époque à laquelle la construction de la KKH vient soudain les relier au monde extérieur, et apportera petit à petit son flux de voyageurs et grimpeurs épris de hauts sommets mythiques.

- Ensuite, par sa particularité politique. Sorte de «Monaco version Heidi», le Royaume de Hunza, tout comme son voisin de Nagar, est longtemps resté indépendant de toute influence étatique externe, jusqu’en 1974, lorsque le gouvernement Pakistanais a mis fin à toute forme possible d’indépendance.

Aujourd’hui, Hunza continue malgré tout à vivre sa vie à l’abri des tumultes nationaux (notamment ceux des conflits de la Swat Valley actuellement), honorant toujours fièrement le Mir et sa famille, et perpétuant les traditions religieuses de cette branche modérée de l’Islam Chiite : l’Ismaélisme, dont le très charismatique leader l’Agha Khan est toujours, ici, révéré en tous lieux.

Pas tout à fait l’abri tout de même… puisque la vallée subit de plein fouet les conséquences de la lutte internationale contre l’Islam fondamentaliste, particulièrement celle des USA contre les Taliban. Ici, tout le monde parle encore du 9/11... «Before nine eleven» , un tourisme florissant, un nombre incroyable d’expéditions internationales vers les plus hauts sommets, des emplois et des revenus pour tous... «After nine eleven» , le fondamentalisme suspecté partout, le Pakistan mis au banc des nations, une image médiatique dégradée, les voyageurs et alpinistes effrayés... Et les récents événements enracinent cette situation. Une à une, les agences d’expéditions mettent la clé sous la porte, les familles de Karimabad vivent de leurs petites cultures et de leurs bêtes en attendant des jours meilleurs.

Pour autant, cette communauté à part, paisible, saine, simple et respectueuse de tous, continue à réserver, aux quelques voyageurs que nous sommes, un accueil enthousiaste, chaleureux et vrai.

Nous y passerons des jours bien doux, à nous reposer, préparer notre trek, ou tout simplement à vivre, voir, respirer...

Lady Finger (6000m), Hunza Peak (6270m), Ultar 1, Ultar 2 (7388m)

2 commentaires:

  1. Je rentre de trois semaines de visite au Pakistan, dont une excursion à Karimabad et la vallée de Hunza, véritable paradis sur terre. A voir également Ghizer Valley, Deosai plains, Altore, tout était magnifique, et des gens tellement accueillants partout.

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  2. Ca me laisse tout simplement rêveur.. J'aimerais vraiment avoir un jour la chance et le temps de visiter cette superbe vallée!

    Vincent

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