vendredi 5 juin 2009

En passant par la Chine...

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Première ville Chinoise, après 280km d’un rouge décor de montagnes quasi désertique traversé depuis le poste frontière Kyrgyze: Kashgar... Nom mythique, presque mystérieux... On l’entend à Lhassa, à Islamabad, à Bishkek, Douchanbe ou Shanghai...
«Vous arrivez d’où?... de Kashgar... Ouaaaah...»
Celui qui en arrive, après tant de kilomètres parcourus (souvent des heures pénibles de pistes interminables), est tout de suite auréolé, par le voyageur qui n’a jamais foulé cette terre, d’une nouvelle forme de respect, d’admiration, d’envie...
Kashgar... elle a fait rêver plus d’un intrépide aventurier (Ella Maillard, encore elle, Peter Fleming,...)... prêt, à l’époque, à braver tous les dangers, faire fi de toutes les autorités, pour passer coûte que coûte par cet incroyable carrefour des civilisations et des routes (toujours celles de la Soie)... Porte d’entée vers le Tibet, le Pakistan, l’Afghanistan, le Tadjikistan, le Kyrgyzstan... perdue au fin fond du Nord Ouest de la Chine, dans cette province du Xinjiang si stratégique (tant pour ses ressources naturelles que pour sa position géographique cruciale), dont les natifs (principalement le peuple Ouigour) et leurs traditions, nettement plus proches de l’Asie Centrale que de la culture Chinoise, posent à Beijing presque autant de problèmes que leurs voisins Tibétains...

Vient enfin notre tour... Qu’allons nous trouver?
Plus on s’en approche, plus on en devine les traits... Et l’on sait bientôt, avant d’y entrer, qu’ici, comme à Lhassa, la vieille ville traditionnelle Ouigour est progressivement dévorée par la tentaculaire ville moderne chinoise, nourrie par les croissantes immigrations de chinois Han encouragée depuis plus de 50 ans par le gouvernement de Beijing.


C’est bien cela que nous trouvons: la cohabitation de deux cultures et deux peuples parallèles, qui semblent vivre à des années de différence, chacun (et plus particulièrement les natifs) défendant ses traditions et ses droits, réel gage de survie pour le peuple Ouigour menacé.

Parmi tant d’autres, deux signes très visibles de cette cohabitation sans concession:
- la présence égale d’idéogrammes chinois et d’alphabet arabe, avec la duplication systématique, dans toute communication publique (panneaux de signalisation, publicité...) des messages en Mandarin et en dialecte Ouigour (aux racines Turques, tout comme les langues Ouzbèkes et Kyrgyzes par exemple).

- la précision, indispensable, du référentiel temporel utilisé: Beijing time ou Local time... pour éviter de manquer tous vos rendez-vous… puisque le différentiel que les Ouigours s’obstinent à maintenir et de + 2h vs Beijing time (assez justifié d’ailleurs si l’on se conforme aux fuseaux horaires universels).

Pour nous, c’est un peu 2 pays en 1, et une transition tout en douceur de la culture centre-asiatique à la culture chinoise (même si l’expérience au sein de cette dernière ne doit être que de courte durée).
Ainsi, chaque jour, à plusieurs reprises selon notre programme, nous passons d’un monde à l’autre...

Monde chinois avec ses larges avenues, son Jardin du Peuple, son esplanade démesurée (version réduite de Tiananmen), sa statue géante de Mao, ses Department-stores sur 5 étages, ses immenses centres commerciaux à ciel ouvert, ou ses bouis-bouis remplis jusqu’au plafond de produits de grandes consommation, de mauvaise qualité, en plastique (le fameux distributeur magique de cure-dents)...


Son trafic incroyablement silencieux, avec tous ces deux-roues électriques (peut-être le seul produit chinois qui semble avoir également conquis les Ouigours!... mais jamais les Français... Dommage!)...



Ses joueurs de majong concentrés sur un coin de trottoir...



Ses micro-stands de noodle-soup ou ses proprets restos de saine et conviviale fondue chinoise... Ses foules de joyeux écoliers arborant fièrement le foulard rouge réglementaire.


Monde Ouigour, à travers la vieille ville qui résiste encore autour des frais jardins ombragés de sa grande mosquée... Méandres de ruelles couleurs terre, sombres passages aux vieilles poutres branlantes sous les galeries des petites demeures toutes de guingois... belles portes de bois usées par le temps, parfois entrouvertes sur un rideau aux 1000 couleurs cachant de fraiches cours remplies de verdure et de rires d’enfants...


Stands de chachliks (les brochettes de graisse de mouton nous poursuivent jusqu’ici) enfumant toute la rue, marmites géantes de Polo (le Plov local), vendeurs ambulants de Tangzaza (ce riz gluant emballé dans des feuilles de canne à sucre), que le marchand vous sert, arrosé de sirop sucré, sur une assiette vaguement rincée dans un seau d’eau (le même toute la journée), que l’on déguste, avec confiance, comme tout le monde, assis sur un bout de trottoir...


Guérisseurs de rue, dispensant, devant une foule attentive et médusée, le discours mystérieux et autoritaire de leur précieux savoir inégalable, devant un parterre d’immondes et gras crapauds baveux, bassines grouillantes de scorpions, peaux de serpents, viscères de moutons et autres ingrédients miracles de leur précieuse potion magique...


Gamins espiègles toujours prêts à répondre à un sourire ou une grimace, ou à partager, de plus en plus nombreux, une partie de ballon improvisée en pleine rue...



Vieux sages, portant fièrement barbe blanche et callot brodé, venant tranquillement, à l’heure Ouigour (déjà 20h Beijing time!), siroter le thé de l’après midi sur le balcon orné de cette chai-khané sans âge, véritable institution kashgari, contemplant, de la haut, le spectacle joyeux du marché qui s’installe au beau milieu de la rue… carrioles chargées de pastèques juteuses, vendeurs d’abricots accroupis derrières leurs paniers débordants aux couleurs éclatantes...


Entre ces deux mondes hauts en couleurs, nous nous accordons également quelques pauses dans de plus neutres «ilots internationaux»... Savourant les confortables couettes de coton blanc et les proprettes douches chaudes du Chini-Bagh Hotel (dans l’enceinte de l’ancien Consulat Britannique, ou notre chère «Ella», toujours elle, passa tant de temps en 1935)...


Dégustant quelques enivrants cocktails, pizza croquantes, tacos épicés ou curry délicats... sur fond de music lounge et de «Rolland Garos sur écran plat» dans le très cosy et inattendu bar Néo-zélandais Fubar (on en profitera pour célébrer plus dignement -et à retardement - les 33 ans d’Isa)... Sautant sur toutes les connexions Wifi du coin pour mettre tranquillement à jour nos communications… Enfin, profitant de la bien agréable et pratique terrasse ombragée de ce rendez-vous des voyageurs, qu’est le John’s Café, pour aller picorer, ou partager, auprès de nos petits camarades de route du moment, les précieuses informations qui permettront à chacun de repartir serein et bien armé chacun de son côté.

C’est d’ailleurs comme cela, après maintes discussions, recherches web, échanges avec les autorités consulaires, et mails de ceux qui y sont ou en viennent, que nous déciderons de poursuivre notre route, comme prévu, en passant au Pakistan par la Karakoram Highway, région isolée des troubles actuels.

Le formidable accueil que nous y recevrons, la beauté et la sérénité des lieux donnera vite raison à ce choix. La suite au prochain numéro...

1 commentaire:

  1. Oups je vais fauire la modif sur mon blog ! javoue que j'ai du mal à suivre ! Ca va les choux !

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