dimanche 10 mai 2009

10 jours à Tashkent

Dernière étape de notre périple Ouzbèke, Taskent, la capitale.


Atmosphère paisible, grandes avenues d'une verdure incroyable, arbres centenaires, bas côtés couverts d'herbes folles... On croirait presque que la ville a poussé en plein coeur d'une forêt!... ce qui rendra nos allées et venues plutôt agréables.

Priorité des priorités: ambassades et visas, et toutes les paperasses qui vont avec.
Au delà de tous les précieux renseignements patiemment collectés sur les forums internet, rien ne vaut une vraie première visite sur place, pour s'apercevoir que... telle ambassade ferme demain pour 10 jours, tel consul - parce qu'une mouche l'a piqué? ou qu'il a la tourista?- n'autorise plus les délivrances de visa en une journée, les horaires d'ouverture ont changé, ou encore, que là, il fallait venir avant 6h du matin pour se faire enregistrer...
A partir de là, on s'organise!... repartant aux 4 coins de la ville pour trouver photocopieurs (ah, les copies de passeport en 1000 exemplaires!), photos d'identité (parce que tel consul - certainement celui qui a une tourista - en réclame 4!), ou encore obtenir une réservation écrite de vol aller-retour vers tel pays (même si on compte y entrer à pied)...
Alors, enfin, peut commencer le siège de ces forteresses bien gardées, de préférence dès les premières heures du jour.


Au bout de 10 jours, 1 petite dizaine d'heures d'attente, une liste internationale de nouveaux amis voyageurs, un nombre incalculable d'allers-retours plus ou moins fructueux, quelques négociations et une petite poignée (officielle) de dollars, nous obtiendrons tout de même quelques victoires (pas toutes), et un précieux contact direct avec le consul Pakistanais pour nous tenir au courant des dernières évolutions du conflit de la Swat Valley, et de leur éventuel impact sur notre programme.

L'échec : le visa Chinois... pour lequel il faudrait attendre encore au moins une dizaine de jours, sans garantie d'obtention. Tashkent, c'est sympa, mais 10 jours de plus... Tenterons donc notre chance depuis le Kyrgyzstan!

Au coeur de cet agenda finalement assez prenant, nous n'aurons pas vraiment le temps de nous ennuyer.

Passant nos journées dehors a crapahuter d'un bout a l'autre de la ville, nous ne tarderons pas a connaître par coeur les meilleures lignes de bus et de tram, l'enchaînement des très belles stations du métro, ou à savoir évaluer instinctivement le prix de n'importe quelle course en taxi... sautant de l'un a l'autre comme de vrais natifs, sans oublier aussi de longues séances a pied, comme de vrais voyageurs.


Au programme de nos pérégrinations, quelques lieux/moments bien particuliers :

L'Opéra Alicher Navoi
Ce curieux mélange d'élégance et de traces d'un faste révolu d'un côté, et d'ambiance de magasin d'état, de néons et de rudesse toute "soviétique" de l'autre...
Après avoir réussi a déchiffrer la feuille A4 tout en cyrillique qui sert de programme, on trouve toujours immédiatement des places en première catégorie... au tarif indécent de 2 euros par personne!... Tout simplement parce que les artistes jouent le plus souvent devant une salle vide, ou presque, la cinquantaine de spectateurs qui nous entoure étant principalement des touristes ou quelques expatriés offrant à leur famille en visite une tranche d'exotisme local.


Nous y verrons Madame Buterfly de Puccini, chanté en Russe. Pas toujours de la meilleure qualité (et c'est la que l'on réalise à quel point nous sommes gâtés et exigeants chez nous), néanmoins un beau spectacle et une soirée particulièrement agréable et hors du commun de notre vie de voyageurs.

Le “sirk” !
Gigantesque soucoupe volante de béton au toit bleu, ayant un jour atterri dans le populaire quartier de Chorsu, juste à côté du grand bazar, le cirque de Tashkent semble très actif tout au long de l’année… et certainement plus plein que l’opéra! Nous ne serons pas tout seuls à la séance du samedi après midi. Enfants, jeunes, vieux, familles entières… ça afflue de partout sur la grande esplanade noire de monde, où l’on se laisse rapidement étourdir et émerveiller par la fanfare, au milieu des bouquets de ballons multicolores, des vendeurs de pop-corns et barbapapa, des dromadaires, chevaux, shreks, dingos et autres marionnettes bon-enfant qui s’y promènent avant la séance.
A l’intérieur, même agitation joyeuse… un peu partout sur les gradins, et sur la piste même, ou au dessus, avec toutes ces petites balançoires, ou, pour quelques soms, les gamins s’envolent un instant dans les airs… sans doute le moment le plus intense de leur après midi!
Enfin arrive la fanfare, suivie de Monsieur Loyal (que l’on ne comprend pas, naturellement)… les trapézistes si élégants et aériens, le jongleur un peu “bras-cassé”, la belle écuyère, qui fait une belle chute, les clowns rigolos et le chien malicieux, les acrobates très artistiques ou les "un peu moins doués", les indiens à cheval, l’altérophile impressionnant ou barbant (ça dépend des points de vue)… La musique, les projecteurs, les paillettes, les applaudissements, les rires des enfants, le défilé éclatant des artistes qui saluent… Le cirque, le vrai, comme quand on était petits! On devrait y aller plus souvent.


Et aussi :

Le Musée de l’Histoire du Peuple Ouzbèke, qui outre nous compter de manière attractive et super documentée toute l’histoire du pays – avec la longue présence Russe de plus d’un siècle - nous donne également un excellent aperçu de son actualité avec l’omniprésent président Karimov, auquel il est de bon ton d’attribuer moult succès économiques et une très grande ouverture à l’international… alors que l’on connaît les réticences étrangères (économiques et diplomatiques) face à une politique intérieure jugée un peu trop musclée (ex: le massacre d’Andijan en 2005).

Le plus vieux Coran du Monde, datant du 7ème siècle, parait-il rapporté d’Irak par Tamerlan. Exposé au coeur d’un joli complexe de madrasas, mosquée et parterres de verdure où de grandes et belles cigognes ont élu domicile… Amusante rencontre dans cette retraite de dômes et de minarets qui semble ici bien seule en comparaison de l’accumulation aperçue dans les autres villes du pays.

L’Eglise Catholique Polonaise, où nous nous retrouverons en plein Coeur du rassemblement annuel des catholiques d’Ouzbékistan… Église pleine, messe multilingue, évêques, prêtres, petites soeurs de la communauté de Mère Theresa (toujours si touchantes et abordables, souriantes, dans leurs saris à bordure bleue)… Une parenthèse dominicale qui fait du bien…

La multitude de parcs... où les Ouzbèkes se pressent au moindre rayon de soleil... pour un pique-nique sous les arbres, un tour en pédalo, un rendez-vous galant (bouquet de fleurs à l'appui), une baignade en slip dans la première fontaine venue, un match de Hockey, ou une braillarde séance de karaoke en plein air… Autre activité inédite, importée par Fabrice qui, pris de tourista, s'est senti contraint d'apporter en ces lieux sa touche personnelle... au pied même de la statue d'Alicher Navoi, LE poète national! Du meilleur effet…


Nos différentes “maisons”, choisies avec grand soin puisque nous savons qu’il faudra y passer un certain temps… Délaissant bien vite les matrones russes “dragonnesques” du triste hôtel de la gare, nous nous offrirons quelques temps le confort et le charme de l’hôtel Grand Orzu, son patio si agréable, son cuisinier aux mains d’or et… sa connexion wifi!! (un vrai luxe pour nous)… avant de revenir plus raisonnablement dans une petite pension familiale pour terminer notre séjour.


Enfin, l’éventail varie des restos… Italien, Coréen, Libanais, Syrien, Indien, Japonnais… Nous aurons sans doute testé toutes les adresses de la ville, si contents de se passer un moment de l’omniprésente graisse de mouton (et des quelques morceaux de viande qui vont avec). Oh que cela fait du bien!


10 jours remplis, revigorants, intéressants… mais quelques fourmis dans les pattes… On repartira un matin, presque sur un coup de tête, comme une catapulte… quittant le pays le soir même sans vraiment réaliser…

2 commentaires:

  1. Bravo ! J'adore votre blog : drôle, instructif, dense, beau et tout et tout. De véritables petits Nicolas Bouvier modernes ! Continuez à nous faire partager tout ça.
    Nous, on part à Istanbul 5 j en juin. On pensera à vous.
    Amitiés.

    Benoît (le copain de Fanny)

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  2. @ Benoit : L'ami Bouvier fait egalement partie de nos lectures en ce moment (il n'y a pas qu'Ella Maillard dans la vie!). Merci pour ton super petit message qui nous fait vraiment plaisir. Dites donc, vous n'arretez pas de bourlinguer en ce moment!... Hate d'entendre le recit Thai. En attendant, profitez bien du Bosphore (et ne faites pas comme nous, gardez vos bagages en cabine...;o).
    De notre cote, on rentre tout juste d'une grande journee a cheval dans les montagnes... j'en connais une qui aurait adore ca! (souvenirs Chiliens...).
    On vous embrasse tous les 2, Isa et Fabrice

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